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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




29 juillet.


Les Chambres étaient à peine séparées qu’un très gros nuage s’est formé à l’horizon ; et même, avant leur séparation, un journal du matin l’y avait déjà aperçu, probablement avec d’autres lunettes que les siennes, et en avait prédit les prochains développemens. Sommes-nous à la veille de la dénonciation du Concordat ? À lire les journaux radicaux-socialistes, on le croirait ; et, si le fait se produisait brusquement, ce n’est pas nous qui en serions surpris, car nous avons signalé plus d’une fois cette révolution comme imminente. Ce n’est pas que M. Combes en méconnaisse les dangers ; il les a, au contraire, plus d’une fois signalés ; mais il n’est pas son maître, il est le très humble serviteur de la partie la plus exigeante et la plus violente de la majorité. On lui crie : Marche ! Il marche, et même à pas de géant. Quel chemin parcouru depuis quelques jours ! Lorsque M. Waldeck-Rousseau déposé son projet de loi sur les associations, il se proposait de supprimer quelques congrégations enseignantes : toutes y ont passé, et les congrégations charitables auront leur tour. On nous assurait du moins que le clergé régulier était seul menacé, et que le clergé séculier ne serait jamais inquiété. Nous n’en avons rien cru. Avions-nous tort ? On voit où nous en sommes. La séparation de l’Église et de l’État, faite par les hommes qui sont aujourd’hui au pouvoir et sous les influences auxquelles ils obéissent, nous conduira tout droit à la guerre religieuse : et c’est bien cela qu’on veut.

On a trouvé un prétexte : à défaut de celui-là, on en aurait trouvé un autre, et c’est ce qui diminue, dans une certaine mesure, la responsabilité des imprudences qui ont été peut-être commises à Rome.