services ; excepté en matière de tissage et de bobinage, matière qu’a voulu régler, il y a plus de cinquante ans déjà, la loi du 7 mars 1850, et qui, malgré cette loi, à écouter les plaintes qui s’élèvent, ne serait encore que mal réglée. La loi avait pour principal objet d’empêcher, dans un travail payé aux pièces, les fraudes sur la mesure même du travail. Il paraîtrait, si les récriminations que la Commission parlementaire a entendues sont bien fondées, qu’elle n’y a pas complètement réussi, et que certains entrepreneurs ou sous-entrepreneurs sans scrupules trouveraient, en leur conscience d’une élasticité rétrécissante, le moyen ingénieux, mais condamnable, et, à cette limite infime où il s’agit de pouvoir vivre ou de ne le pouvoir pas, presque criminel, de rogner encore le salaire de leurs ouvriers.
Ce salaire est pourtant assez maigre, et ce n’est pas avoir du superflu que de le toucher tout entier. Car les ouvriers se plaignent, d’autre part, que les amendes pour absence injustifiée, fautes contre le règlement de l’atelier, ou malfaçon, viennent trop souvent et trop durement mordre dessus. Peu leur importe que ces retenues pour malfaçon ne soient, comme elles peuvent l’être, qu’ « une réparation inférieure au préjudice causé, » ou même que le produit des amendes fasse, plus tard et indirectement, « retour aux ouvriers sous forme de secours ou de gratifications ; » ils ne voient que le fait immédiat, qui pour eux est brutal et les blesse cruellement. Puis, d’une troisième part, enfin, il y a les mortes-saisons, les chômages, avec, dans l’industrie textile, cette espèce de chômage chronique qu’entraîne périodiquement tous les mois, tous les quinze jours pour les toiles fines, tous les trois ou quatre jours peut-être pour les grosses toiles, le remontage des métiers.
Certainement, le salaire, dans la filature et le tissage, pour de nombreuses catégories d’ouvriers et d’ouvrières, est bas, et les patrons qui, au bout de la semaine, payent 60 heures de travail 12 ou 15 francs, le reconnaissent les premiers. Il doit y avoir quelque chose à faire, mais quoi ? Il y a, en tout cas, quelque chose à ne pas faire ; et c’est d’abord de ne pas aller, à tort et à travers, par plaisir d’artiste ou calcul de démagogue, chanter à des malheureux pour qui la perte d’une heure de travail représente une privation et la perte de quelques jours, la faim, une de ces vieilles chansons qui, depuis un siècle ou un demi-siècle, fouettent l’envie et la colère humaines ! Ah ! il peut