Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 22.djvu/630

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

connaissait pas bien la nouvelle position que j’ai prise et ne savait pas de plus mes rapports réels avec M. Génin.

Enfin, chère Madame, je lui parlerai et je vous verrai dès que j’aurai un seul instant.

A vous de cœur et à tous les vôtres.


Liège, ce 20 octobre.

Chère Madame,

Combien j’ai regretté de quitter Paris sans vous serrer la main à Olivier et à vous : mais mes derniers jours ont été des journées de manœuvre, d’emballeur et de portefaix. Je succombais à la fatigue et j’étais pressé par le temps.

Me voilà enfin arrivé et transporté. Je repasse par toutes mes impressions de Lausanne, mais avec quelle différence, chère Madame ! et quel vide, quel isolement de plus ! J’ai trouvé ici un excellent ami et guide dans M. Lacordaire. Pourtant ce n’est pas comme à Lausanne. Il n’y a de pareil que ma tristesse accrue par les années et par la nature des circonstances. Mes collègues de l’Université sont bien pour moi et m’ont fait tout l’accueil que je pouvais désirer, mais ce n’est pas comme à Lausanne, c’est là, mon refrain, le seul refrain que je chanterai.

Les étudians ne sont peut-être pas si bienveillans : si cela était, mon séjour ici ne serait pas long, et je serai fier comme il convient. Pourtant rien ne m’autorise à craindre. Je travaille à force ; je prépare deux cours, trois leçons par semaine, à commencer à la fin de ce mois. Y pourrai-je suffire ?

Chère Madame, donnez-moi un peu de vos nouvelles, de celles de vos chers enfans et d’Olivier, et ne m’accusez pas si je suis inexact et rare en réponse. Je vais être si occupé !

Adieu, bien chère Madame. Je serre la main à Olivier et j’embrasse les enfans, nommément Mlle Thérèse.


Liège, ce 27 novembre.

Cher ami,

J’ai reçu avec bien du plaisir votre bonne lettre et avec reconnaissance le numéro de la Revue Suisse où vous me rappelez au souvenir de mes anciens auditeurs. Je suis ici en plein cours. J’ai un peu trop à faire. Ce cours public, s’il était seul, m’amuserait, mais l’autre est bien immense. Enfin j’y suffis jusqu’ici et