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1846


Ce 8 février 1846.

Cher Olivier,

Je reçois une très bonne lettre de vous : j’en reçois en même temps une par le canal de Mme Olivier ; je suis allé pour la voir sans la trouver ; j’y retournerai bientôt. Je suis heureux si cet orage ne laisse aucune trace. J’ai dû souffrir, pour une simple vivacité qui n’avait pas plus de gravité que ce que je vous ai écrit cinquante fois au sujet de ces chroniques, de paraître avoir eu une dureté presque odieuse eu égard aux circonstances, et cela sans retrouver le moment de m’expliquer et de me justifier.

Voilà donc Berne elle-même entraînée dans la résistance et le point d’appui reporté à Zurich. Tout cela est bien capable de dégoûter des rêves d’idylle et de bonheur qu’on fait en cette humaine vie.

Il y a eu ici la réception de Vigny à l’Académie ; il s’y est montré (comme dans tout ce qui a précédé) ridicule, d’une sottise, d’une fatuité qui a donné sur les nerfs durant une heure et demie passée à toute une assemblée ; de sorte qu’on a été soulagé en entendant M. Molé retrouver des notes justes et simples. Les amis de Vigny lui-même n’ont pu résister à l’ennui et à l’impatience, et M. Guiraud disait après la séance : « Mon amitié a souffert, mais ma justice est satisfaite. »

Il était séraphique, comme disait quelqu’un en sortant.

Tout en débitant lentement son discours, il avait un crayon d’or avec lequel il marquait sur son cahier les applaudissemens quand il en venait.

Je suis occupé d’écrire sur Mignet qu’on range parmi nos historiens dans la série de la Revue ; j’abrège donc, mais je n’ai pas voulu tarder davantage à vous serrer la main.

Adieu, cher Olivier.


1847


Ce 1er janvier 1847.

Chère Madame,

Je ne veux pas laisser cette journée sans vous envoyer un bonjour et bon an que j’aimerais mieux pouvoir vous aller porter.