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sera bien bonne de les accepter comme souvenir du plus dévoué et du plus humble de ses admirateurs et serviteurs.

— Des indications écrites de ma main apprendront à mon ami Olivier ce que je désire qui soit fait de divers papiers qu’il trouvera.

J’offre à lui et à sa chère femme Mme Caroline Olivier-Ruchet mes remerciemens pour leur tendre amitié et leur lègue ma mémoire.


Paris, ce 19 décembre 1843.

CH.-AUG. SAINTE-BEUVE,

à l’Institut :


1844


3 janvier.

Chère Madame,

Vous m’avez écrit une lettre bonne, aimable, chère au cœur, merci. J’ai été un moment au milieu de vous. Hélas ! mon idéal est d’aller toujours à Bonmont, dites-le à M. Urbain ; qu’il me garde toujours deux petites chambres, patience ! cela se fera. J’y composerai quelque grand roman[1], si je puis ici me tirer des œuvres commencées qui m’accablent.


7 février.

Chère Madame,

Je reçois votre lettre hier soir ; je verrai Buloz. Mais Lèbre ne part pas encore, et il est ici pour un bon mois encore. Je verrai et presserai. J’ai peu de choses à vous dire de moi, c’est demain le jour définitif ; l’issue est des plus douteuses. Mes fonds, qui étaient très bons, semblent baisser depuis quelques jours. Le chancelier, mon grand appui, est malade et ne pourra aller voter ni influer par sa présence. J’ai contre moi Hugo, Thiers, très peu pour moi Lamartine ; si j’arrive, ce sera laborieux ; si je manque, ce sera, je le crains, définitif : il me faudra prendre quelque grand parti de travail et de plan de vie. Enfin, vous saurez tout cela demain, par les journaux de demain. Ne faites, en mentionnant le résultat dans la Revue Suisse, aucune réflexion.

  1. Sainte-Beuve pensait alors à écrire, sous le titre d’Ambition, un roman qui fit dans son œuvre le pendant de Volupté.