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Levez-vous ! Déjà luit l’aurore au frêle teint.
Près des vieux murs dorés se réveille la rose,
L’alerte papillon sur son beau front se pose,
Caressant son velours d’une aile de satin.

Voyez, sur le cep vert de cette jeune treille,
Cette perfide guêpe, et la prudente abeille,
Et le gros corps velu des bourdonnans frelons.

De diamans nacrés l’herbe fine est couverte,
Levez-vous, il est temps, de votre couche verte,
Laissez flotter au vent vos épais cheveux blonds l


A LA LUNE


Les oiseaux vont au nid dans les guérets profonds,
Et les lourds orangers parfument les vallons.
Tremblante au bord du ciel qu’un rayon pâle azuré,
Vesper dans les ruisseaux mire ses cheveux blonds :
— J’entends le vent du soir gémir dans la verdure.

Soudain un frais rayon large, tiède et doré,
Lança son feu léger de poudre d’or nacré
Et la lune, soudain, mystérieuse et pure,
Montra son pâle front, et de vapeurs poudré…
— J’entends le vent du soir gémir dans la verdure

Que fais-tu dans le ciel, inconnue aux doux yeux,
Dont l’écharpe d’azur aux plis capricieux
Semble sur ton épaule une fraîche ramure ?
Que fais-tu, solitaire et blanche dans les cieux ?
— J’entends le vent du soir gémir dans la verdure.

Es-tu donc quelque rêve égaré dans la nuit ?
Comme une fleur penchée et qui manque d’appui,
Sur l’onde glisse et luit ta pâle chevelure…
D’un céleste jardin es-tu le divin fruit ?
— J’entends le vent du soir gémir dans la verdure :