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POÉSIES[1]


Á SA MUSE


Pourquoi pleurer, ma Muse, à ton premier printemps,
Et ceindre ton beau front d’une noire tunique
Dans des euphorbes d’or à tiges féeriques,
Pourquoi voiler tes yeux au regard éclatant ?

Chante sur ton luth fin, car aucun ne t’entend,
Chante l’Orient tiède au toit de mosaïque,
Et le palais d’argile et la colonne antique,
Déroule en ta chanson ton cœur trop palpitant.

Chante le temple noir aux roses cornalines,
Ombrageant au lointain les épaisses collines,
Les cloches en rumeurs et l’encens en frissons,

Et près des dieux d’airain coiffés de mandragores
La cire pâlissant dans les processions
Sur la corbeille d’or des blanches cistophores.


Á DIANE


Au fond de ce bocage aux myrtes consacré
Ton marbre fut taillé par une main habile.
J’attacherai le lis et la rose fragile
Sur ton trépied de bronze, à ton socle doré.

  1. Nous donnons dans leur forme primitive, et sans rien y changer, ces vers qui sont d’une enfant de douze ans.