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Vous m’en servirez, mon cher Olivier, si je m’en vais. Je suis assez en chemin vraiment. J’en suis, je crois, à ce qu’on a droit d’appeler les infirmités.

Ne travaillez pas trop, chère Madame, et soignez pourtant votre santé ; ne vous fiez pas à l’enivrement du travail, on paie cela après. Je présente mes souvenirs à tout votre canton, à Villamont d’abord et à Mlle Sylvie, qui m’a certainement oublié, à nos amis d’Eysins, et à tout ce qui se rencontrera dans l’entre-deux. Je baise les trois enfans et adresse mon complimenta Aloys.

A vous, chère Madame, et à l’excellent Olivier.

La Revue indépendante semble prendre un corps ; elle paraît tous les quinze jours et a de l’argent. Pourquoi ne tenteriez-vous pas fortune ou Dieu de ce côté ? En choisissant dans vos nouvelles, en écrivant et adressant à Mme Sand, ce serait peut-être facile, ou à Souvestre, car il en est.


Ce 28 décembre 1842.

Chère Madame,

Tout cela est à merveille ; il n’est que d’être maître et chez soi ; il n’est que de tirer son sac de sa propre terre ; on en grandit plus vite, et tous vous en respectent davantage. Je vois un moment où l’on vous fera d’ici des propositions, quand on vous verra établi, et réussissant là-bas. Vous pouvez faire la meilleure revue critique, il n’y a plus de critique ici, et pour toutes sortes de causes.

1° Les écrivains romanciers donnent des feuilletons qui les font collaborateurs de tous les journaux et dès lors inviolables ;

2° Les journaux, ayant baissé de prix, dépendent des annonces et des libraires qu’ils doivent servir. Complaisance et rivalité, c’est là toute l’histoire.

En France, depuis dix ans, toute tradition littéraire vraie est interrompue ; ceux qui auraient pu servir de maîtres et faire progéniture sont passés à la politique et aux affaires.

L’Université, l’École normale produisent des érudits et lourdauds littéraires très estimables, à l’allemande : pas un talent purement littéraire depuis dix ans. Ceux qui se sentent un peu d’espiègle et de léger se jettent dans le facile et dans le feuilleton, et, ne trouvant pas à quoi se rattacher, s’y gâtent vite.

On commence ici la saison d’hiver et à publier. Le livre de