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tous et nous calomnie. Il a osé écrire qu’il aimait le livre et la manière et l’auteur quand même. Décidément l’optimisme ne mène à rien qu’à tout confondre. Moi, je suis plus que jamais pour la grâce prise au sens grossier et dès ici-bas : les bons et les mauvais, les honnêtes gens et les méchans. Ce Michiels est des derniers, fou et grossier, n’ayant répondu que par des insultes à nos désirs et à nos efforts stériles pour le servir. Sérieusement, je ne passerai jamais cela à M. Vinet, et, si je lui reparle ou lui écris jamais, ce sera pour débuter par ce que je vous dis là. La charité est une bêtise. Vous pouvez le lui dire[1].

Le monde, ici, se partage de plus en plus, et bien inégalement, entre les honnêtes gens et les autres ; les preuves, si vous étiez ici, seraient trop nombreuses et trop palpables. De loin, cela salirait le papier.

Littérature de régence et de Sade ;

Critique de Lapithe et de Sicambre.

Quel est donc ce Russe vaudois ? Est-ce M. de Ribeaupierre ? Est-ce M. Golowkin ? Le nom, dans votre lettre, est resté en blanc.

M. Porchat a réussi assez bien ici ; il a une fadeur assez spirituelle, il nous a récité des fables et des chansons chez M. Gaillard. Il s’en retournera content de Paris… et oublié[2].

Le… latiniste est piloté par lui, qui a causé avec les compétens ; je n’aurai d’autre moyen d’information que ceux qu’il a eus lui-même.

Vous recevrez peut-être par M. Porchat, que j’espère en charger, un petit volume qui ne se vend pas[3] : c’est d’une assez mauvaise morale ; j’en offrirai pourtant un à la bibliothèque de Lausanne. Le paquet vous. dira les détails fastidieux ici.

Je travaille de plus en plus à liquider mes affaires littéraires, en vue de la mort. Il est si rare de trouver un éditeur pieux !

  1. Sainte-Beuve n’aurait pas été aussi sévère pour Vinet, s’il avait pu lire le petit billet que celui-ci adressait dans le même temps (20 octobre 1842) à M. Lutteroth, directeur du Semeur : « L’article que je vous envoie doit se ressentir de mon triste état ! Je n’ai fait encore qu’ouvrir le livre de M. Michiels, mon nom s’y trouve deux fois et d’une manière si désagréable que je crains de dire de cet ouvrage trop de mal ou trop de bien. Ce n’est pas la première fois que M. de (sic) Sainte-Beuve est battu sur mon dos. » (Alexandre Vinet, par Edmond de Pressensé.)
  2. Porchat, après la révolution vaudoise de 1845, revint à Paris, qu’il habita jusqu’en 1856 et où il fréquenta beaucoup Sainte-Beuve, Augustin Thierry, Philarète Chasles, et surtout Béranger, dont il devint l’ami.
  3. Je suppose qu’il s’agit ici du Livre d’amour, qui était à ce moment à l’impression.