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capitale pour eux. En me renvoyant le manuscrit, Bonnaire, dans un second billet, me réitère le désir d’être agréable à Mme Olivier, dans les limites de la Revue : il serait allé la voir, si elle avait été encore ici. Voyez quel fond vous pouvez faire sur tout cela ; car vous connaissez déjà le terrain ou plutôt le sable mouvant presque aussi bien que moi. Si Olympe Mancini est finie et vous paraît se pouvoir détacher, risquez-la.

Mme Buloz n’a pas été favorable (sans malveillance aucune), mais cela tient à des riens de détails, de descriptions qui accrochent ici les esprits. L’impression de Buloz a été prise sur quelques mots de sa femme.

Je me trouve en ce moment et pour un long quart d’heure en brouille et plus que brouille avec Buloz qui, pour un article sur l’Académie, m’a voulu cacher une intervention autre que la mienne : j’ai découvert le jeu et l’ai traité avec tant de colère qu’il est impossible qu’il l’oublie jamais. Mais, dans ce moment, moi restant à l’écart, cela servirait plutôt pour Olympe.

Voilà bien des ennuis, mon cher Olivier, qui vous arrivent par moi, dont je n’ai pu vous sauver aucun. J’en ai un regret amer. Au lieu de toutes les bonnes prévenances qui m’ont rendu par vous Lausanne si facile, je n’ai pu encore vous faire le Paris littéraire abordable sur un seul point.

Adieu pour aujourd’hui, je ne saurais rien vous dire d’agréable. L’affaire d’Académie m’a fait échouer hier assez médiocrement : ce sera difficile même pour une fois prochaine.

Mille amitiés à tous ; j’offre mes meilleurs hommages à Mme Olivier, et j’embrasse les enfans.


23 mai 1842.

Voilà donc encore un résultat négatif ; Olivier doit en être triste ; — j’en suis furieux. Les paroles ici ne ratifient rien, c’est comme pour le droit de visite ; en politique, qui est un pays de mensonges, passe encore, mais, en littérature, c’est la décadence même. Me voilà brouillé avec la Revue : je n’ai pas vu les chefs depuis un long mois. J’espérais qu’en restant sous la tente, j’influerais peut-être mieux sur une détermination qui, selon eux, aurait pu nous raccommoder si elle m’avait satisfait. Mais ce moyen même a été insuffisant. Il faut donc, après un long détour et du temps et des espérances perdues, en revenir à Souvestre, lui écrire le fait, et attendre de lui et de son obligeance une