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faire jouer par ordre, s’il ne le pouvait autrement. Il est même probable que la candidature de Lamartine n’a été soulevée par la Presse que pour menacer le ministère et le forcer de se hâter sur cette Judith !

Je ne sais si vous comprenez rien à toutes ces vilenies. Judith, lue dans le salon de Mme de Girardin a donc réussi comme toutes. les lectures de salon, mais elle est d’avance jugée, je le crains pour elle. Tout ce qu’on en pourra écrire dans les journaux sera factice et faux comme tout ce qui est dans les journaux, coterie et compérage désormais organisés pour tromper le public. Et ce faux-là devient au bout de quelque temps une espèce de demi-vérité, puisqu’on y croit.

Je commence donc l’année comme Alceste, chère Madame, et me voilà bien loin des parfums de Rovéréaz : ils sont en moi et je me garde bien d’ouvrir la petite boîte qui les recèle, pour ne pas les livrer au vain courant qui passe. C’est le moyen de les sauver, de les retrouver un jour peut-être plus sûrement.

A vous de cœur, chère Madame, à Olivier et à vos chers enfans. 0lirez, je vous prie, mes vœux bien sincères aussi à la famille de Villamont, et à celle d’Eysins.

Je vous embrasse


Février 1842.

Chère Madame,

Mme de Tascher à qui j’ai annoncé votre arrivée a poussé un cri de joie ; ce sera la plus facile et la moins cérémonieuse de vos relations.

J’ai heureusement terminé mon deuxième volume de Port-Royal, qui paraît demain.

Il faudra, chère Madame, apporter ici avec vous une certaine quantité de Deux Voix : c’est essentiel comme prétexte, comme explication abrégée et carte de visite.

— « Qu’est-ce que Mme O… ? C’est un poète fort distingué, mais très distingué. — Ah ! oui. — Tenez, lisez cela ; lisez le Sapin, je crois bien que c’est d’elle. » Voilà ce qui se peut dire ou à Mme Buloz, ou à Mme d’Agoult, même à Mme Sand, qui, je crois bien, a lu cela, et n’en a pas d’ailleurs besoin pour vous connaître (à Mme Valmore encore).

Remerciez bien le bon Olivier de son excellente pensée. Pour