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COMMENT RENDRE ACCEPTABLE
LE
SERVICE DE DEUX ANS


I

Le sort en est jeté. Le service de deux ans est voté, son adoption définitive n’est qu’une question de jours. La plupart de ceux qui l’ont voté ne sont pas cependant sans inquiétude sur les conséquences de cette innovation, mais l’intérêt supérieur de la République, — surtout l’intérêt électoral personnel, — l’emporte sur des préoccupations lointaines et plus ou moins hypothétiques. L’avis de quelques militaires isolés, l’exemple donné par une puissance étrangère considérable, sont là, du reste, pour rassurer les consciences timorées, et inquiètes des vrais intérêts de la France.

Comment laisser, en effet, à une opposition quelconque, fût-elle du meilleur teint républicain, un pareil tremplin électoral ? De fait, l’opposition elle-même n’a-t-elle pas été si pleinement convaincue de la nécessité de s’incliner devant cette réclame électorale qu’elle n’a trouvé, pour combattre le service de deux ans, d’autre moyen que de surenchérir en proposant bruyamment le service d’un an. Je ne sache pas qu’aucune voix se soit élevée dans nos assemblées délibérantes pour demander ce qui était cependant au fond de bien des cœurs : le retour pur et simple à notre ancien système fondé sur le service à long terme pour une petite portion du contingent désignée par le sort.

Nous voici donc avec le service de deux ans, succédant au