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du 16 mai, en leur donnant la plus grande étendue[1]. » Dans cette étendue rentrent implicitement les « barrières puissantes » de la note russe du 19 juin et les exigences éventuelles de l’Angleterre, sans laquelle la Prusse et la Russie se sont engagées à ne point négocier ni signer la paix. L’Autriche s’engage à son tour « à n’entrer dans aucun arrangement ou négociation, que d’un commun accord avec la Prusse et la Russie, » c’est-à-dire avec l’Angleterre, puisque ni la Prusse ni la Russie ne peuvent négocier sans l’Angleterre. L’Autriche emploiera à la guerre toutes les forces dont elle pourra disposer, qui se joindront à 150 000 Russes, au moins, et à 80 000 Prussiens.

Ces accords étaient arrêtés le 24 juin, lorsque Metternich partit pour Dresde ; mais ils n’étaient pas signés ; ils ne le furent, à Reichenbach, que le 27, après l’entrevue de Metternich et de Napoléon. Cet artifice de chancellerie permit à Metternich de parler à l’Empereur avec l’autorité d’un coalisé, et d’attester, au besoin, son honneur de comte allemand, que l’Autriche se trouvait encore libre de tout engagement.


IV

Muni de ce talisman qui le rendait invulnérable et, au besoin, invisible, Metternich se mit en état d’affronter Napoléon, de le troubler, de le forcer à trahir ses vues cachées et de l’attirer dans l’impasse. Avant tout, découvrir ses conditions de paix et apprécier, par-là, combien il faudrait poser de points : quatre, cinq ou six, pour être sûr qu’il refuserait. Napoléon le reçut le 26 juin. Dans cet entretien fameux, Metternich se montra comédien consommé et Napoléon joua au naturel, avec emportement, son personnage tragique. L’Autrichien connut ce qu’il voulait savoir. « Convenez-en : depuis que l’Autriche a pris le titre de médiateur, elle n’est plus de mon côté, elle n’est plus impartiale, elle est ennemie… » « Au fait, vous voulez l’Italie, la Russie veut la Pologne ; la Prusse, la Saxe ; et l’Angleterre

  1. Article VI du traité de Reichenbach. — « Le comte Metternich a été d’accord que les six conditions autrichiennes ne feraient que la base d’un traité préliminaire qui ensuite servirait de base à la négociation générale qui est le but des coalisés. Il est également d’accord que le traité préliminaire doive être mis en exécution sur-le-champ. » Hardenberg à Munster, 21 juin, après une conversation avec Metternich.