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Les alliés avaient pris position à Bautzen, derrière la Sprée. Stadion rencontra Nesselrode à Gœrlitz, et il eut avec lui un premier entretien, le 13 mai. Au sortir de cette conférence, Nesselrode résuma, dans une note au tsar, les véritables conditions de l’Autriche : — 1° rétablissement de l’Autriche dans l’état de puissance et d’étendue où elle était en 1805, avec, en Italie, la frontière du Mincio et du Pô ; 2° reconstitution de la Prusse dans des proportions équivalentes à son état en 1806 ; 3° dissolution de la Confédération du Rhin et restitution des pays annexés en 1810 ; 4° anéantissement du duché de Varsovie. « Telles sont, ajoute Nesselrode, les conditions que le cabinet de Vienne regarde comme immédiatement autrichiennes. Si Napoléon ne les a point acceptées avant le 1er juin, les armées autrichiennes agissent… » « Bien que les conditions ne seraient jamais acceptées par la France, l’Autriche désire que, pour lui faciliter les moyens de persévérer jusqu’au bout dans la ligne de conduite qu’elle s’est tracée, nous adoptions les formes par lesquelles elle croit devoir passer pour amener le passage de la médiation à la coopération… » Elle voudrait donc qu’en articulant ces conditions, la Russie y joignît « même des bases telles que l’indépendance de l’Espagne et des arrangemens pour l’Italie, nécessaires au rétablissement d’une paix stable. » Stadion, ajoute-t-il, est autorisé « à convenir des principes généraux d’un plan d’opérations ; » il ne demande aux alliés qu’un engagement, celui, « quels que puissent être les revers, » de pousser la guerre « avec persévérance et avec tous les moyens qui sont en leur pouvoir. »

Stadion rejoignit les alliés à Wurschen, le 14 mai. Nesselrode, adhérant à la proposition, déclara, par une note du 16 mai, que la Russie ajoutait aux quatre conditions ci-dessus : 5° la séparation de la Hollande ; 6° le rétablissement des Bourbons en Espagne ; 7° l’Italie libre dans toutes ses parties du gouvernement et de l’influence de la France. Hardenberg accepta cette combinaison, au nom de la Prusse, avec cette clause qui sent la capitulation : « Cette paix devrait être acceptée, d’une manière tout à fait positive et sans délai, et la retraite des armées françaises doit suivre immédiatement l’adhésion de Napoléon. » La note de Nesselrode se terminait par ces mots significatifs : « Telles sont les principales bases que S. M. I. établit comme conditions invariables. »