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LES ALLIÉS ET LA PAIX
EN 1813

II[1]
REICHENBACH ET TŒPLITZ


I

Le tsar et le roi de Prusse se rendirent à Dresde le 24 avril. Ils y virent arriver lord Cathcart et sir Charles Stewart, munis de pouvoirs pour traiter. L’Angleterre déclinait l’intervention de l’Autriche, mais, ce faisant, elle poussait l’Autriche dans la coalition, car l’Autriche ne pouvait prouver autrement la sincérité de ses intentions ni autrement obtenir les subsides indispensables pour agir avec efficacité. Elle se trouvait ainsi portée à précipiter, plus que Metternich ne l’aurait désiré, ses accords secrets avec la Prusse et avec la Russie, lorsque l’entrée en scène de Napoléon vint rendre à l’intervention, sinon un sérieux qu’elle n’eut jamais, au moins une consistance apparente et quelques raisons d’être, de forme et d’expédient. Arrivé à Erfurt le 28 avril, il battit, le 2 mai, à Lutzen, en Saxe, les Prussiens et les Russes. Les souverains alliés quittèrent Dresde, en hâte. Ils ne voyaient plus de salut que dans l’alliance de l’Autriche. « Qu’elle agisse, et immédiatement, et l’Europe est sauvée ! » écrivait Knesebeck, le 3 mai.

Metternich ne prenait point les choses au tragique. Cette

  1. Voyez la Revue du 1er juillet.