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La faculté soit d’éroder le sol déjà constitué, soit, au contraire, de déposer à sa surface des matériaux charriés. De sorte qu’en chaque point, il y a alternance plusieurs fois répétée de ces régimes si différens et que les alluvionnemens ne s’y continuent qu’au prix d’interruptions pendant lesquels ils sont corrodés d’une façon plus ou moins intense. Et, comme la direction du courant générateur varie avec le temps par rapport à l’axe même de la vallée dans laquelle se développent les méandres fluviaux, les dépôts successifs ont une structure qui est bien éloignée d’être toujours la même.

Il résulte de ces différentes circonstances que l’ensemble du sédiment fluviaire peut prendre une architecture en lambeaux intriqués les uns dans les autres d’une façon plus ou moins compliquée et qui établit comme un stéréogramme de toutes les vicissitudes du cours d’eau pendant la sédimentation. On est bien surpris de constater qu’une structure si frappante, mais, il vrai, tout à fait incomprise parce qu’on n’avait pas cru utile de l’examiner soigneusement, a été considérée par des spécialistes comme témoignant de l’origine torrentielle du « diluvium. » C’est un exemple des plus nets de l’efficacité d’une idée préconçue pour empêcher de voir sainement les choses. Et, d’un autre côté, la substitution du nouveau point de vue à l’ancien suffirait à elle seule pour faire définitivement renoncer aux doctrines violentes, si à la mode du temps de Cuvier.


VIII

Dans un. grand nombre de circonstances, l’histoire de la couche aqueuse superficielle vient se raccorder avec celle de nappes plus profondes dont la circulation au travers des assises du globe rappelle, par bien des côtés, le mouvement des liquides nourriciers au sein des organismes vivans. Cette fois, la haute température des régions souterraines communique à l’eau des énergies chimiques spéciales, qui se traduisent par un grand nombre d’effets.

Sous leur influence, des dépôts d’abord amorphes ou terreux comme sont les vases accumulées dans les bassins sédimentaires, arrangent leurs élémens constituans et tendent à leur communiquer progressivement la structure cristalline. A cet égard, on