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autre que cette Gergovie si glorieusement célèbre par la résistance de Vercingétorix.

Or, en examinant la constitution de ce beau pays, on trouve que le chapeau basaltique de Gergovie est un lambeau encore persistant d’une coulée de lave qui, durant une époque géologique antérieure, s’est épanchée d’un cratère situé sur le plateau granitique voisin et a suivi la pente du sol à la façon d’un cours d’eau. Ainsi, tout d’abord, le basalte tapissait une dépression d’où il avait vraisemblablement chassé un ruisseau. Maintenant, c’est l’inverse, et ce dépôt, cantonné d’abord le long d’un ancien thalweg, forme aujourd’hui une crête culminante. La raison en est tout entière dans la résistance du basalte aux eaux de surface, qui lui a permis de devenir une cuirasse protectrice pour les masses qu’il recouvrait et qui, en même temps, l’a constitué à l’état de « témoin » de l’énergique dénudation subie lentement par le pays : dénudation presque occulte, malgré l’importance de ses résultats, et qui prend, en bien des régions, une apparence qui sert de cause, à première vue, aux suppositions les plus étrangement erronées. En parler, c’est revenir aux considérations par lesquelles nous commencions cette étude, et il est impossible de s’y arrêter sans évoquer de nouveau le nom de Cuvier.

Quand le fondateur de la paléontologie a défendu son opinion, maintenant abandonnée, des révolutions du globe, il avait bien moins en vue les phénomènes anciens par lesquels l’édifice sédimentaire a acquis son épaisseur et sa complication, que les régions épidermiques du sol où sont étalées les traînées du « diluvium. » Si bien, que l’une des grandes préoccupations des observateurs qu’il inspira fut d’expliquer le creusement des vallées.

Or, la continuité du phénomène du creusement des vallées sans l’intervention d’aucun agent différent de ceux qui travaillent actuellement avec une intensité égale à tous les âges est une découverte féconde.

On n’a rien pu comprendre à l’acquisition, par le sol exondé, du modelé qui le caractérise, tant qu’on a isolé, pour le considérer à part, le filet d’eau qui, sous le nom de ruisseau, de rivière ou de fleuve, s’écoule à l’air libre entre deux berges plus ou moins fixes. La première chose dont il faille se pénétrer, c’est que l’agent à l’œuvre est une nappe d’eau continue, de même étendue et de même forme que le bassin hydrographique tout