Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 22.djvu/145

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
UNE CORRESPONDANCE INÉDITE
DE
SAINTE-BEUVE
LETTRES Á M. ET Mme JUSTE OLIVIER

QUATRIÈME PARTIE[1]


1840

Janvier (s. d.).

« Que ce miroir et cet autre miroir et ce troisième miroir où l’on vous rencontre et où l’on vous reconnaît est agréable et trompeur[2] ! Je me suis retourné comme M. Vinet, et je n’ai rien vu, tandis que lui, il ne tenait qu’à lui de vous voir. Vous me ferez lire ce livre, chère Madame, et vous ne me punirez pas de la longue privation où j’ai été de vous depuis ces quinze longs jours. J’ai été pris depuis les huit derniers sans désemparer par un article, et ce qui restait des devoirs du Jour de l’an, venant à travers, me dilapidait la vie en vérité. Votre dernière lettre était fort aimable pourtant ; elle l’était surtout par la promesse qu’elle laissait échapper. Venez donc au printemps, et n’ayez peur de

  1. Voyez la Revue des 15 octobre, 1er novembre et 15 novembre 1903.
  2. Allusion à un petit volume de Poésies que Mme Juste Olivier avait envoyé à Sainte-Beuve en lui disant : « Je souhaite que vous ne trouviez pas le miroir trop effacé, ni surtout la facette que vous en avez fournie trop gâtée. Soyez indulgent et ami comme toujours… »