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billets n’augmente que lentement. Le tableau ci-dessous indique les mouvemens de la circulation et de l’encaisse de la Banque de Russie depuis le début des hostilités ; une dernière colonne contient le montant des ressources du Trésor déposées par lui à la Banque. Ce montant est distinct de l’encaisse de la Banque et de l’or que le Trésor possède en propre. Tous les chiffres sont en millions de roubles.


1904 Circulation de billets Or appartenant à la Banque Compte courant du Trésor
5 février 589 914 377
29 février 611 913 409
29 mars 626 868 362
6 mai 645 844 279
14 juin 666 913 281

Le placement des 300 millions de roubles de bons 5 pour 100 sur la place de Paris va reconstituer l’encaisse à un niveau supérieur à celui du début des hostilités. La politique du ministre des Finances apparaît nettement : elle s’inspire de trois principes également recommandables et qui ont été rappelés dans un communiqué officieux publié au moment du dernier emprunt : ne pas attendre pour émettre des rentes que les besoins du Trésor soient urgens ; ne pas hésiter à payer le taux que commandent les circonstances ; enfin, ne pas recourir prématurément à cette réserve suprême que constitue l’émission des billets de banque, et à laquelle il ne faut se résoudre qu’en dernière instance, surtout dans un pays où la reprise des paiemens en espèces est encore de fraîche date et où il importe de ne pas faire naître le moindre doute sur le maintien irrévocable de l’étalon d’or, c’est-à-dire de la saine monnaie, comme seul instrument des échanges.

Au Japon, l’encaisse or de la Banque était, d’après le dernier bilan de 1903, de 120 millions de yen, soit près de 305 millions de francs, contre une circulation de billets de 233 millions de yen, soit 595 millions de francs. La proportion du métal était déjà alors beaucoup plus faible qu’en Russie. Au cours des premiers mois de 1904, des quantités d’or considérables ont été expédiées du Japon en Amérique : elles ont atteint, de décembre 1903 à mai 1904, plus de 56 millions de yen, tandis que la circulation n’a baissé qu’à 200 millions de yen. Pour remédier à ce danger, le président de la Banque des nobles, M. Sonoda, demandait, dès le 14 février, que tous ceux qui ont des monnaies et