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de roubles de lettres de gage, dont plusieurs séries 3 1/2 sont placées en France. Les annuités rentrent irrégulièrement, ce qu’indique l’importance des biens dont la Banque a dû se rendre acquéreur et qu’elle a en partie revendus à des « non-nobles » qui figurent comme emprunteurs à son bilan. La Banque des paysans a émis pour 320 millions de roubles de lettres de gage 4 pour 100 qui sont, comme celles de la, Banque de la noblesse, dette de l’État.

Ajoutons, pour donner une idée complète de la physionomie générale des finances russes, que, depuis nombre d’années, les budgets ordinaires se sont soldés en excédent. Comme, d’autre part, les budgets extraordinaires ne comprenaient guère que des dépenses de chemins de fer, c’est-à-dire productives, on peut, sous ce rapport, considérer la situation comme satisfaisante.


II. — BUDGET ET DETTE DU JAPON

Bien que le budget japonais ait crû, depuis un certain nombre d’années, dans une proportion qui ne s’est guère rencontrée chez aucun autre peuple, on ne peut pas dire que la charge en paraisse écrasante pour une population de 45 millions d’habitans, même en tenant compte de la pauvreté d’une partie des territoires qui forment l’empire du Soleil-Levant. Les dépenses de l’année financière 1903-1904, qui s’étend, comme celle de la Grande-Bretagne, du 1er avril au 31 mars, étaient évaluées à 244 millions, et les recettes à 251 millions de yen. Le yen, unité monétaire japonaise, est un poids d’or qui correspond à 2 fr. 575 de monnaie française. Le Japon a, comme la Russie, et à peu près à la même époque, assis définitivement son système monétaire et son organisation de banque sur l’étalon d’or. Les deux gouvernemens se sont rendu compte que la première condition de bonnes finances était la suppression du papier à cours forcé, des fluctuations désordonnées du change qui en sont la conséquence inévitable, et ont, au prix de grands sacrifices, établi chez eux la circulation métallique du seul métal qui soit aujourd’hui l’instrument universellement accepté des échanges internationaux : c’était, dans la pensée des ministres éminens qui, à Pétersbourg comme à Tokio, ont mené à bonne fin cette réforme, un des organes nécessaires à cette préparation à la guerre, qui, de nos jours plus que jamais, exige un formidable arsenal financier.