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COMMENT ON CAPTE
LE
SUFFRAGE ET LE POUVOIR

LA « MACHINE »

J’ai essayé précédemment[1] de montrer comment l’introduction du suffrage universel dans l’ordre politique est un phénomène comparable à l’introduction de la vapeur dans l’ordre économique ; quelles transformations elle a déterminées dans le régime parlementaire et notamment dans la vie des partis ; que l’extension de plus en plus grande du droit de vote a eu pour conséquence nécessaire l’invention et la construction d’une machine électorale de plus en plus compliquée, et à la longue si puissante qu’elle meut tout, qu’elle peut tout, qu’elle fait tout, et que le mécanicien qui la dirige est en vérité le maître, le « prince » des démocraties modernes fondées sur le nombre. Je voudrais maintenant essayer, en démontant cette machine, de montrer quel est l’arrangement de ses ressorts, à quoi tient sa force, les « qualités » qu’elle exige du mécanicien, ou, si l’on ne veut pas mêler ici un élément moral qui n’y serait peut-être pas très bien à sa place, à quelles conditions elle lui obéit et donne entre ses mains le maximum de rendement ; comment enfin, fabriquant,

  1. Voyez la Revue du 1er avril.