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les procédés de fabrication du cuivre lui-même laissaient, dans certains cas, beaucoup à désirer. Si, par voie humide, cette fabrication était, depuis longtemps, aussi parfaite que possible, il n’en était pas de même de son extraction par voie sèche.

Il n’y a pas plus de vingt ans, en effet, les pyrites cuivreuses (sulfures de cuivre), qui constituent les minerais les plus fréquemment exploités, étaient soumises à une série alternée de grillages et de fusions : les grillages avaient surtout pour résultat l’élimination progressive du soufre, les fusions provoquant celles du fer que les pyrites cuivreuses contiennent presque toujours en abondance. On obtenait ainsi, sans qu’il y eût besoin de recourir au charbon comme réducteur, des mattes de plus en plus riches en cuivre, et finalement du cuivre brut, qu’il n’y avait plus qu’à raffiner. Aujourd’hui, surtout aux États-Unis, on use d’un procédé aussi rapide qu’avantageux, dû à Manhès, et inspiré par les derniers progrès de la sidérurgie.

Si le minerai est riche, on supprime tout grillage et on se contente d’une seule et unique fusion ; s’il ne l’est pas, un grillage précède cette fusion. Dans l’un ou l’autre cas, la matte est versée à l’état liquide dans un convertisseur, analogue à celui de Bessemer, où de l’air comprimé, injecté seulement à la partie supérieure du bain, pour éviter l’oxydation du cuivre, en une seule fois brûle tout le soufre, qui s’échappe à l’état de gaz sulfureux, tandis que le fer passe dans la scorie à l’état de silicate. Le convertisseur opère donc vite, bien et, de plus, en grande masse, car il suffit d’une demi-heure environ pour traiter 1 200 kilogrammes de matte et la transformer en un métal ne contenant guère que 1 pour 100 d’impuretés. Quant aux frais de fabrication, ils sont relativement si peu élevés (150 francs par tonne, au lieu de 300), que le nouveau procédé tend partout à se substituer à la voie humide.

Si l’on réfléchit que le cuivre, par suite de sa résistance et de sa conductibilité pour la chaleur et l’électricité, occupe le premier rang après le fer, qu’on l’emploie fréquemment à la place de ce métal pour les objets qui doivent aller au feu, qu’on l’utilise dans tous les organes de machines, que la passementerie eu consomme des quantités énormes, qu’allié à divers métaux, l’étain, le zinc, par exemple, il donne des produits doués, — nous avons dit plus haut pourquoi, — des qualités les plus précieuses, on comprendra la portée de la transformation produite dans sa