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réduit l’oxyde en question, s’oxyde lui-même et passe presque entièrement, à l’état de silicate, dans la scorie, tandis que leur carbone se dissout dans le bain et s’allie au reste de la fonte traitée. Il est évident, du reste, que, par l’emploi d’une quantité convenablement dosée d’une de ces fontes réactives, on peut arriver à produire, à volonté, un acier de composition déterminée, les fontes les plus manganésées servant à la préparation des aciers les plus doux.

Le procédé Bessemer prit, dès lors, un développement considérable. Seulement, par suite de la présence inévitable du manganèse dans le métal obtenu, il cessa d’être employé pour la fabrication de fers identiques aux fers puddlés. On restreignit son usage à la fabrication des aciers et, en quelques années, par suite des besoins croissans de l’industrie et, surtout, de la Guerre et de la Marine, l’industrie de l’acier vit décupler sa production : 419 000 tonnes en 1864, 4 274 000 tonnes en 1880.

Cependant, tel que nous venons de le décrire, le procédé était limité dans son emploi. D’abord, pour des raisons que nous passerons sous silence, n’ayant ni la prétention ni la possibilité de faire ici un cours de métallurgie, il n’était applicable qu’à des fontes très chaudes (fontes Bessemer). Ensuite, — et c’est là le point capital, — avec le garnissage argileux employé jusqu’alors pour protéger la surface intérieure du convertisseur, il ne permettait de traiter que des fontes préparées avec des minerais purs, exempts de phosphore, comme ceux que fournissent l’Angleterre, la Suède, l’Espagne, l’Italie, etc. Quant aux fontes préparées avec des minerais impurs, c’est-à-dire phosphoreux, le Bessemer était forcé de s’en désintéresser : le silicium contenu dans l’argile du garnissage réduit, en effet, l’acide phosphorique que produit la combustion du phosphore, et permet ainsi à cet élément, qui a l’inconvénient de donner à l’acier une fragilité dangereuse, de repasser dans le métal obtenu. C’était là une cause d’infériorité manifeste vis-à-vis du puddlage qui, ne fabriquant guère que du fer, pouvait utiliser des fontes phosphoreuses, car le fer supporte sans inconvénient une certaine dose de phosphore. Il y avait donc une lacune à combler.

Elle le fut, vers 1878, par Thomas et Gilchrist, qui montrèrent que le phosphore s’élimine en presque-totalité, passant dans la scorie à l’état de silico-phosphates de chaux, de manganès’ et de fer : 1° si on remplace le garnissage argileux, — ou