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trouva naturellement appelé à recueillir, dans sa succession, le ministère des Affaires étrangères. Les Ouled-Ettazi sont répartis entre Fez et Rabat ; le père de Cheikh Tazi était un gros négociant de Fez, qui fut amin des douanes ; son frère Si Tahar devint amin-ech-chkara ; un de ses parens, Si Abdessclam, de Rabat, ministre des Finances. Tandis que ses proches pénétraient ainsi dans les beniqas du makhzen. Cheikh Tazi s’installait à Manchester, pour le commerce des cotonnades ; il revint au Maroc, comme administrateur des douanes à Saffi ; Ba-Ahmed l’appela à la Cour, en qualité d’amin-ech-chkara ; lors du remaniement qui suivit la mort du régent, il fut nommé ministre des Finances. Le père de Si Driss-ben-Yaïch était déjà caïd-el-méchouar ; lui-même, avant d’obtenir cette charge, avait été gouverneur d’Oudjda et de Tétouan. Le ministre des Réclamations, Si el-Mehdi-Gharnit, personnage assez effacé, doit sa beniqa à l’influence de son frère, le grand vizir. De tous, le seul qui puisse, jusqu’à un certain point, passer pour un parvenu, est Si el-Mehdi-el-Menehbi ; pourtant, son père et son frère furent caïds de la modeste tribu des Menahba ; il le devint, à son tour, après avoir servi dans les corporations intérieures du Palais ; en fait, c’était le mokhazni de confiance de Ba-Ahmed ; il vivait dans la maison du régent, il se trouva le premier à porter au sultan la nouvelle de sa mort ; un coup de fortune saisit alors le jeune mokhazni pour l’installer dans la beniqa de l’allef et en faire le principal favori du maître.

Les boule versemens du makhzen, provoqués par la poussée impétueuse de Moulay-abd-el-Aziz et de ses favoris, la faculté laissée aux vizirs de devenir les inspirateurs et non plus seulement les instrumens de la politique chérifienne, ont relégué au second plan la personnalité, jadis prépondérante, du grand vizir, en attribuant les premiers rôles aux ministres de la Guerre et des Affaires étrangères. Si el-Mehdi-el-Menehbi et Si Abdelkérim-ben-Sliman.

Si Feddoul n’était point homme à affirmer son personnage dans le chaos d’idées et d’incidens qui ont marqué les dernières années. C’est un petit vieillard septuagénaire, déjà paralysé d’un côté, vieilli dans les menues intrigues du makhzen, plein de finesse, de scepticisme et d’esprit. Il avait obtenu la plus haute charge de l’Etat, grâce à l’influence de Si el-Mehdi-el-Menehbi, qui voulait se débarrasser des remontrances de son prédécesseur