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La France occupe ici une situation privilégiée ; elle détient les écluses d’un canal qui met les régions les moins accessibles de son empire africain en communication avec l’Atlantique. Du même coup, elle peut par cette voie ouvrir à la colonisation des terres productives et manifester son activité sur la Bénoué conformément aux traités. Et, le jour où la révision de notre frontière occidentale serait entreprise, elle se trouverait en possession de documens nouveaux et de données précises, qui la mettraient à même d’aborder la discussion en parfaite connaissance de cause.

Une mission qui soulève et qui éclaircit de pareilles questions prouve par cela même son utilité.

Pour nous résumer, dans le domaine scientifique, le capitaine Lenfant et ses deux collaborateurs ont élucidé l’un des derniers grands problèmes géographiques dont la solution demeurait encore incertaine ; dans la sphère des intérêts économiques, ils ont frayé une voie capable de desservir l’une des régions les meilleures et les moins connues de notre colonie du Congo et de relier à l’époque des hautes eaux nos territoires du Tchad à l’Atlantique ; dans l’ordre politique, ils ont plus exactement défini notre situation vis-à-vis du Cameroun par une étude méthodique des régions qui forment au-dessus du 9e parallèle sa frontière orientale.

Ces résultats considérables, obtenus au prix d’efforts généreux, avec de faibles moyens, sans froissemens inutiles, au cours d’une entreprise qu’il importait de conduire avec autant de tact et de sagacité que de détermination, font honneur à chacun des membres de la mission Niger-Bénoué-Tchad ; ils assignent à celui qui sut prendre et conserver la direction un rang élevé dans la phalange des explorateurs français.

Baron HULOT.