avions pour une bonne part ouverts à la civilisation, et ces bouches du fleuve qu’on se plait à nommer aujourd’hui le Nil français, ajoutèrent un nouveau fleuron à la couronne d’Angleterre.
Sans insister sur de vains regrets, il y a lieu de noter qu’aux termes de l’Acte général de Berlin de 1885, la navigation du Niger et de ses affluens demeure entièrement libre pour le transport des voyageurs et des marchandises et que les puissances exerçant un droit de souveraineté ou de protection sur quelque partie des eaux du fleuve ont le devoir d’y assurer la sécurité des négocians étrangers au même titre que celle de leurs nationaux.
À cette époque, Nachtigal, consul général d’Allemagne pour l’Afrique occidentale, venait de prendre possession du Cameroun au nom de l’Empire. Des conventions survinrent les années suivantes qui fixèrent progressivement les limites de cette colonie, tant du côté de la Nigeria que du côté du Congo, et qui étendirent au Chari, au Logone et à leurs affluens les stipulations relatives à la libre navigation du Niger.
La France a donc le droit de se rendre du bas Niger, par la Bénoué, le Kabi et le Logone, jusqu’au lac Tchad et, sur ce parcours, de compter sur la protection des puissances riveraines. Si cette voie, que la mission allait explorer, était reconnue libre sur toute son étendue, aucune difficulté ne paraissait à prévoir. Dans le cas contraire, il importait de savoir sur quel territoire le cours de la navigation était interrompu. Qu’un transbordement fût, en effet, reconnu nécessaire entre le Kabi et le Toubouri, cette opération, s’effectuant sur notre propre territoire, n’avait qu’une importance relative. Que le même obstacle se présentât dans la région du Logone soumise à l’influence allemande, nous subissions en fait la loi de l’étranger.
Il convient, d’ailleurs, de rappeler que la limite du Cameroun, définitivement fixée au sud par la convention du 24 décembre 1885, n’a pas ce caractère absolu sur sa frontière orientale. De ce côté, l’Acte confirmatif de l’arrangement franco-allemand de 1894 prévoit « qu’il y aura lieu dans l’avenir de substituer progressivement, aux lignes idéales qui ont servi à déterminer la frontière, un tracé déterminé par la configuration naturelle du terrain et jalonné par des points exactement reconnus, en ayant bien soin, dans les accords qui interviendraient, de ne pas avantager l’une des deux parties sans compensation équitable pour l’autre. »
Ces lignes, qui dessinent sur la carte, dans la région qui nous occupe, le fameux « bec de canard » allemand, paraissent étranges à