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toutes les affaires dont celui-ci jugeait à propos de l’entretenir et sur les propositions d’achat émanées de son initiative propre ou de celle des divers membres du Conservatoire, le ministre restant maître d’accorder ou de refuser les demandes qui étaient ensuite soumises à son approbation.

La personnalité civile accordée aux musées nationaux a été pour eux un bienfait assuré puisqu’elle leur concède la libre disposition des crédits alloués. Créant ainsi pour eux une caisse de réserve en vue d’acquisitions désirables, elle laisse la possibilité d’échelonner sur plusieurs exercices les paiemens qui pourraient en résulter. Le Conseil des musées, tout en accordant à chacun des conservateurs une certaine allocation dont il peut disposer sous sa responsabilité pour des achats courans, reste juge de l’opportunité et de la fixation du prix pour les acquisitions plus importantes qui lui sont proposées, soit par l’intermédiaire de ses membres, soit sur l’initiative du Conservatoire et après que ce dernier s’est prononcé à cet égard. Sauf quelques légères différences, surtout dans son mode de recrutement, le Conseil des musées remplit, on le voit, une mission analogue à celle qu’exerce à la National Gallery le Conseil des Trustees[1].

Pourquoi ne pas le dire ? Malgré les avantages très réels qu’elle procurait à nos collections, la création du Conseil des musées fut assez mal accueillie par le Conservatoire et son fonctionnement rencontra d’abord quelques difficultés. Jouissant jusque-là dans leurs services respectifs d’une liberté presque absolue et ne relevant que de la direction, plusieurs des conservateurs n’admettaient qu’avec peine la collaboration et le contrôle nouveaux qui leur étaient imposés. Pendant les premières années, une certaine gêne et parfois une raideur assez marquée manifestèrent les dispositions dont quelques-uns d’entre eux étaient animés. Des reproches détournés ou même des attaques violentes dont le Conseil fut l’objet dans la presse témoignent des froissemens provoqués par sa création. Qu’à ses débuts, surtout, il se soit produit quelque hésitation sur la nature du mandat attribué au Conseil et peut-être trop vaguement défini dans sa loi constitutive, on le conçoit aisément. Mais l’incompétence alléguée

  1. Le Conseil des Trustees de la National Gallery se compose aujourd’hui de huit membres nommés par le premier lord de la Trésorerie, de qui relève ce Musée, et choisis parmi les possesseurs de grandes Collections ou les personnes connues pour l’intérêt qu’elles portent aux beaux-arts.