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inutiles, mais fâcheuses pour la mise en valeur de nos collections, d’autres travaux d’appropriation auraient un caractère d’urgence et d’utilité incontestables. Je veux parler de l’escalier Daru et de l’escalier Mollien, restés tous deux inachevés et qui, dans leur état actuel, donnent bien l’idée de ce mélange de luxe et de misère qu’on peut constater dans beaucoup de nos monumens. Il y a quelque vingt ans, on a fait grand bruit d’une école de mosaïque dont la France allait être dotée et qui promettait merveilles. Mais les dépenses occasionnées par son établissement et celles que devait entraîner son maintien mirent bientôt un terme à ces espérances si bruyamment exprimées. La décoration non terminée, mais très coûteuse, de l’escalier Daru, un des rares ouvrages auxquels elles ont abouti, nous montre des figures allégoriques personnifiant les périodes les plus éclatantes de l’histoire de l’art. Elles occupent le haut des pilastres et remplissent les voûtes que ceux-ci supportent ; mais cette décoration est restée comme suspendue en l’air, car au-dessous, ces pilastres en pierre brute, mal équarris, laissent voir piteusement les ressauts ou les rentrans de leurs assises, et la rampe de l’escalier, formée de barreaux de fonte assemblés en X, est d’une simplicité tout à fait primitive. L’aspect de l’escalier Mollien est plus rudimentaire encore : sa rampe en plâtre massif, couverte d’arabesques gauchement peintes en jaune et à demi effacées par le temps, et les assises restées apparentes des chapiteaux non dégrossis, des colonnes, et des blocs des murailles sont lamentables à voir dans un palais comme le Louvre et réclament une prompte réfection, qui d’ailleurs ne devrait pas entraîner à de trop lourdes dépenses


IV

L’abandon qu’on peut constater sur quelques points des services qu’embrasse l’administration de nos musées nationaux est assez explicable quand on pense à leur nombre, aux questions de personnes qu’elle peut soulever et à la difficulté de faire concourir au profit de l’ensemble des efforts naturellement divergens, chacun des chefs de ces services agissant à son gré dans son petit domaine et les plus zélés étant, à raison même des qualités qu’ils y apportent, absorbés par, leurs fonctions et pénétrés de leur importance particulière. La tâche d’un directeur, si éminent