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nom de l’auteur, la date de sa naissance et de sa mort, et l’école à laquelle il appartient. Des restaurations faites avec prudence et décidées sur l’avis d’une commission spéciale, dûment consultée, assurent la conservation des œuvres menacées ou font disparaître les traces trop visibles d’anciennes détériorations. On se borne à cet égard au strict nécessaire et, au lieu des repeints à l’huile pratiqués autrefois, qui avec le temps noircissent et font tache sur l’œuvre primitive, les raccords aussi limités que possible sont exécutés à la gouache, ce qui permet d’effacer ou de modifier ces retouches, sans risquer de nuire à la peinture originale. Signalons cependant à l’attention de la commission plusieurs toiles dont les craquelures profondes et nombreuses offensent le regard et mettent sous les yeux du public de véritables ruines. Pour n’en citer que quelques-unes, nous noterons ici le Portrait de lord Witworth par Lawrence ; la figure entière de la Muse, — on sait qu’elle a été ajoutée après coup, — placée derrière le Portrait de Cherubini, par Ingres ; le ciel, l’eau, le paysage et les animaux eux-mêmes dans les Chevaux de halage de Decamps, etc. Pour quelques-uns de ces tableaux trop fortement endommagés, le mal semble difficilement réparable, car la destruction est presque complète, et, s’il faut renoncer à les remettre en état, peut-être conviendrait-il du moins de les placer hors de la portée immédiate du regard. Dans les vitrines, les objets d’art : orfèvrerie, bronzes, ivoires, faïences, etc., sont bien présentés, classés avec goût, « en bon ordre et Ton sent qu’un zèle intelligent et une louable émulation animent les conservateurs des diverses sections pour tirer le meilleur parti possible des locaux qui leur ont été assignés. Mais, en revanche, la répartition de ces locaux laisse fort à désirer, et tandis que dans la plupart des collections de l’Europe la distribution des différentes salles où celles-ci sont exposées a été réglée suivant un ordre logique, le public chez nous se trouve en présence d’un véritable chaos où l’on comprend qu’il ait peine à se débrouiller.

Au rez-de-chaussée, des salles consacrées aux monumens égyptiens on passe aux sculptures du moyen âge et de la Renaissance italiennes ou françaises, et, pour trouver la suite de ces dernières jusqu’aux temps modernes, il faut aller à l’autre bout de la cour du Louvre. Au premier étage, le désordre est encore plus marqué. En haut de l’escalier Henri II, sur le palier de gauche, s’ouvre la salle des bronzes antiques, près de laquelle