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rentrer à Paris les œuvres qu’avait gardées le dépôt de Versailles, et l’installation fut désormais menée avec plus d’ordre et d’activité.

Les victoires du Premier Consul amenaient bientôt après au Louvre une telle quantité de tableaux et d’œuvres d’art que, les galeries étant insuffisantes pour les contenir, il fallut envoyer le surplus dans diverses villes de province, où ils devinrent le premier noyau de nos collections départementales. Les chefs-d’œuvre enlevés à l’Italie et à l’Allemagne avaient été choisis par Denon avec une grande sûreté de goût, et ils formaient une collection telle qu’on ne verra jamais la pareille. En l’honneur du conquérant qui les lui avait valus, le Louvre prenait le nom de Musée Napoléon. En 1806, les derniers artistes qui occupaient encore des logemens dans le palais, étaient sommés d’en sortir à bref délai, et quelques-uns d’entre eux étaient recueillis dans des locaux disponibles, soit à la Sorbonne, soit au palais Mazarin.

C’est au Salon Carré qu’avait lieu, le 2 avril 1812, le mariage de l’Empereur et de Marie-Louise et le cortège nuptial, partant des Tuileries, se déployait le long de la Grande Galerie, entre la double haie des dames et des hauts dignitaires de la Cour.

Après les revers de la France et son envahissement par les alliés, ceux-ci reprenaient les tableaux dont ils avaient été dépouillés : mais un grand nombre de ceux qui avaient été déjà répartis entre les Musées de province échappait à leurs revendications. Notons, en passant, que c’est à raison des difficultés qu’offrait le transport des Noces de Cana, le chef-d’œuvre de Véronèse, que le gouvernement autrichien renonçait à faire reprendre le chemin de Venise à cette immense toile et qu’il acceptait en échange le Repas chez le Pharisien de Le Brun.

Sous la Restauration, plusieurs acquisitions et surtout celles faites à la vente de La Hante, en 1817, firent entrer au Louvre des œuvres remarquables de l’école hollandaise, des tableaux de Prud’hon, le Radeau de la Méduse de Géricault, et la Conception de Murillo. Les achats faits pendant le règne de Louis-Philippe furent peu importans ; mais, dans sa courte durée, la République de 1848 faisait ouvrir au Louvre de nouvelles salles et voter des crédits pour la mise en état de la galerie d’Apollon, du Salon Carré et de la salle des Sept-Cheminées. Dès son avènement, Napoléon III avait repris le projet souvent caressé, notamment par son oncle, de l’achèvement du Louvre et de sa jonction aux