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une division militaire : la fraction devient le raha, qui devrait fournir un contingent permanent de 500 hommes, dont le caïd-er-raha est, en même temps, le chef. Le caïd-er-raha dispose de cinq caïds-el-mia, chefs de cent hommes, qui, à leur tour, ont chacun sous leurs ordres quatre mokaddems ; le simple soldat, faisant partie du contingent, porte le nom de mokhazni. En principe, tout le contingent doit être présent dans la ville dont il relève, y reçoit la mouna avec une solde mensuelle, rateb.

Chéraga, Oudaïa et Chérarda ont naturellement à remplir le premier devoir de toute tribu makhzen, qui consiste à fournir le guich. Ce contingent est proportionnel au nombre de rahas que renferme chaque tribu ; il est recruté parmi les familles plus spécialement makhzen, qui servent héréditairement, et devrait toujours être au complet. En fait, les obligations militaires des tribus makhzen se sont de plus en plus relâchées, et il est rare que chaque tribu entretienne à la fois plus de 4 ou 500 mokhaznis. Les Oudaïa sont répartis entre trois fractions : sur l’oued Mekkes, à Rabat et dans le Haouz ; les Chéraga en comprennent cinq, portant les noms des tribus orientales, dont ils ont été formés : Ouled-Djamaâ, Hamyan, Béni-Amer, Béni-Senouss, et Sejjaâ ; les Chérarda sept, désignées d’après leur origine saharienne : Ouled-Delim, Teqena, Chebanat, Zerara, etc. Mais la population entière de ces tribus ne fait point partie du guich ; chaque raha se borne à fournir l’effectif voulu ; le reste demeure libre, sans recevoir aucune solde ; il constitue la réserve du guich, destinée à fournir des hommes, en cas de besoin, si une famille militaire venait à disparaître, s’il plaisait au sultan de former quelque corps nouveau, — enfin s’il importait d’envoyer un petit groupe de gens sûrs pour garder un point de l’Empire. Dans ce cas, les autorités tirent au sort les familles qui seront dorénavant appelées au service immédiat du makhzen.

En revanche, nul n’échappe au service parmi les Bouakhar ni dans le guich d’Ehl-Sous ; pris, dès l’origine, en nombre déterminé, il en a été tenu un registre, qui est entre les mains de leurs gouverneurs. Tous, sans exception, sont à la disposition immédiate du makhzen, dont ils reçoivent la mouna et le rateb. Les Bouakhar sont aujourd’hui bien déchus de leur gloire passée ; mais ils restent affectés, par privilège, à certains emplois de cour ; ils envahissent les corporations du Palais et fournissent un petit corps de pages, les chouirdet, affectés au service intérieur