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et nous le serons encore davantage s’il a pu dissiper les nuages factices qu’on avait formés entre les deux pays. Ce sentiment ne saurait être modifié chez nous par aucun incident ultérieur : néanmoins, nous n’avons pas appris sans peine que le pape Pie X avait protesté officiellement, c’est-à-dire au moyen d’une note remise aux divers gouvernemens catholiques, contre une démarche dont le caractère lui a paru « offensant pour sa dignité et pour ses droits. » Ce sont les termes mêmes reproduits par les journaux qui tiennent de plus près au Vatican, notamment par l’Osservatore romano. Mais, bien entendu, nous n’en garantissons pas l’exactitude, et, quand même elle serait confirmée, encore faudrait-il avoir sous les yeux le document tout entier pour l’apprécier d’après son ensemble et non pas d’après-un détail. En tout cas, le Saint-Père se tromperait s’il attribuait à M. le Président de la République une intention offensante, ou même simplement désobligeante pour lui, car rien n’a été plus loin de la pensée de M. Loubet. Mais, s’il s’est contenté de dire que le voyage en lui-même, indépendamment de la volonté de celui qui le faisait, mettait en cause sa propre situation à Rome et semblait un désaveu de ce qu’il considérait comme son droit, c’est une affirmation qui ne saurait nous étonner. Qui donc ignore que le Pape n’a jamais accepté l’établissement italien à Rome, et qu’il ne cesse pas de protester contre un fait illégitime à ses yeux ?

M. Loubet n’a voulu certes rien ajouter à ce que cet état de choses a de profondément douloureux pour le Saint-Père ; mais enfin il existe depuis près de trente-quatre ans, et il a été reconnu depuis lors par l’Europe entière. Si la France, pour ne parler que d’elle, a un ambassadeur auprès du Vatican, elle en a un autre auprès du Quirinal, et le Pape a renoncé à s’en trouver « offensé dans sa dignité et dans ses droits, » à supposer qu’il l’ait jamais fait. Pie X est le souverain spirituel de tout le monde catholique, mais Victor-Emmanuel est le roi d’ItaUe : nous serait-il interdit d’entretenir de bons rapports avec l’un et avec l’autre, et de donner à ces rapports la forme que les circonstances comportent ? Ne pourrons-nous pas recevoir le roi d’Italie à Paris, et, l’ayant reçu, ne pourrions-nous pas lui rendre sa visite à Rome ? On comprendrait, nous ne disons pas que nous admettrions, mais enfin nous comprendrions cela, si la même règle était appliquée à tout le monde, et si les chefs d’État hérétiques ou schismatiquesy étaient soumis comme les cathoUques ; mais il n’en est rien, et, par une subtilité assez difficile à saisir, ce sont ces derniers seuls qui se voient fermer à Rome la porte du Vatican lorsqu’ils sor-