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Il existe une lettre de Bernardin, sans indication de lien, ni de date, qui devrait être imprimée à cette place ; mais nous ne la reproduirons pas, Aimé Martin l’ayant publiée entièrement. Cette lettre, envoyée d’Essonnes, en janvier 1793, est citée, dans la Correspondance imprimée[1], la dernière des lettres écrites avant le mariage : Aimé Martin n’a donc pas eu connaissance des missives envoyées postérieurement.


Lettre no 15. — De Bernardin de Saint-Pierre[2], — sans indication de lieu, ni de date, mais d’Essonnes et de février ou mars 1793 ; — cette lettre fait supposer que Félicité était à Paris ; — inédite.


« ta lettre mest arrivée lundi matin au moment où l’on maportait du lait pour mon déjeuner, elle a mis du lait dans mes veines ; tu est pour moi la Coupe de la félicité.

« jai passé ici des jours assés tristes, à mon arrivée dans mon ile, ton frère y est arrivé[3]. il m’a salué et je lui ai rendu mon salut ; il s’est ensuitte aproché de moi et il a adressé la parole à cadet avec lequel jétois. il lui a parlé d’échelle, et jugeant qu’il ne s’étoit aproché que pour lui parler d’ouvrages je me suis éloigné, a quelques pas de là. ton frère bientôt après a quitté cadet et sen est allé, peut-être attendoit il que je lui adressât la parole, mais je me suis rapellé qu’il navoit pas répondu à ma lettre, et cette réflexion ma empêché de hazarder une seconde démarche, ou peut-être de répondre à la sienne, car jai ignoré son intention, quoi qu’il en soit je ne l’ai pas revu, car je me suis abstenu daller à la papeterie où je n’ai été qu’une fois pour affaires.

« au reste jai employé presque tout mon tems à régler mes travaux et mes ouvriers qui me coûtent beaucoup et qui avancent peu. chaque fois que je viens ici il faut augmenter les prix ou des matériaux ou de ceux qui les emploient, jai cependant fait plusieurs économies, et préparé mes provisions de bois de menuiserie, je suis assés content de mon voyage, quand aux affaires, et fort peu quand a mes plaisirs quoique très fêté ches le Cit. Goubert et ses voisins qui mont donné l’hospitalité, mais celui de tous qui maurait le plus intéressé s’est éloigné de

  1. Elle y porte le no 9, ainsi que dans la collection Gélis-Didot.
  2. Cette lettre a le no 48 dans la collection Gélis-Didot.
  3. C’est de Léger Didot que Bernardin veut parler ; ils étaient déjà brouillés.