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j’attens avec impatience le plan de Mr Moreau pour les y apporté. d’un autre côté les affaires du jardin[1] me donnent de l’occupation, dimanche je dine avec les administrateurs des travaux publics qui doivent maider dans laffaire de la Ménagerie[2]. enfin mon déménagement ajoute à mes embaras, car je désire coucher après demain, à l’intendance[3]. vous jugés bien que tous ces objets me distraient de mes plaisirs.

« rien n’est plus propre à men dedomager, mon enfant, que le plaisir de recevoir de tes nouvelles, ton ame est faitte pour la mienne puis quelle est capable de bien aimer, ce soir je calmerai tes agitations en l’embrassant de tout mon cœur, toute occupée de ma santé tu ne me parle point de la tienne, conserve la, en suivant un bon régime, la diette et la chaleur guérissent promtement le Rhume, cependant je crois que le mien sera de quelque durée, ainsi que tous ceux que j’ai eus : mais par cela même, il n’est point dangereux, le Rhume est pour moi une purgation, et j’ai remarqué qu’il me délivre toujours des maux de nerfs, calme donc tes inquiétudes, ta lettre pleine de delicatesse renferme des sentimens de crainte et de reserve qui me font de la peine, sois contente du présent et espère mieux de l’avenir, je t’embrasse, mon enfant, avec touttes les affections que tu merittes et que tu minspires. »


Lettre no 10. — De Bernardin de Saint-Pierre[4], — sans date, mais de novembre 1792, de Paris ; — inédite.


« je quitte un mémoire important pour répondre sur le champ à votre aimable lettre, elle m’a fait plaisir je croyois que vous m’aviés oublié et que vous ne pensiés à moi que quand vous me voiyés. je croiois même que vous aviés quelque autre affection, et il me sembloit que cette opinion nètoit pas sans fondement ; je me rapellois des marques de familiarité que la parenté ou des amitiés anciennes peuvent rendre indifférentes mais que je trouvois signifiantes dans la disposition desprit ou jètois. il me sembloit enfin que je devois avoir recours à la philosophie,

  1. Bernardin parle ici du Jardin des Plantes ; il avait en effet été nommé, en juillet 1192, intendant du Jardin des Plantes et du Cabinet d’Histoire naturelle. Il conserva cette fonction jusqu’au 10 juin 1793.
  2. C’est, en effet, grâce aux démarches de Bernardin qu’une ménagerie fut annexée au Jardin des Plantes.
  3. C’est l’intendance du Jardin des Plantes.
  4. Cette lettre a le no 46 dans la collection Gélis-Didot.