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l’amour, mon enfant te rend plus jolie, il y a dans toutte ta personne un air de contentement bien plus intéressant que tous les éclats de la joye. si je désire quelque chose c’est que tu ne change point, [crains de devenir trop grasse, trop d’embonpoint sied mal aux jeunes personnes ; il gâte la taille, c’est un obstacle même à la maternité[1].] reste au point ou tu est et tu en viendras aisément à bout en mangeant un peu moins, sur tout des alimens qui engraissent.

« [ce que je désire encore c’est qu’en redoublant de confiance pour moi qui dois être ton époux tu diminue un peu avec les autres de cette familiarité que le cousinage, l’enfance, le voisinage rendent sans conséquence pour une ame indifférente mais qui ne le sont pas pour celle qui aime, qu’on sente en te voyant que ton cœur est engagé par des liens que tu chéris, que ce doux mistere répande un tendre interest sur ta phisionomie, qu’il éloigne de toi les jeux trop folâtres ; que ta démarche, et ton maintien annonce, ma vierge bien aimée, ma future épouse, et la mère de famille, hier au soir tu etois charmante, tu pensois peut être au plaisir que me feroit ton billet, adieu, mon bouton de rose,] songe à venir dimanche avec nous et ta maman à Essonnes nous prendrons une voiture à 4. il faut que tu dise ton avis sur lile, et que je te voye encore danser sur l’herbe, au reste, de la discrétion sur nos engagemens futurs ; qu’il n’y ait que moi qui pendre dans ton ame, je te donne, a ton choix, le plus tendre des baisers.

« [j’ai à peine un moment pour técrire. ton jugement sur thompson m’a fait plaisir[2]. »]


Lettre no 8. — De Bernardin de Saint-Pierre[3], — sans indication de lieu, ni de date, mais probablement de Paris et de la fin d’octobre 1792 ; — inédite.


A la Citoyenne félicité didot

quay des augustins

a paris.

« je profite, mon aimable amie, d’un moment de loisir pour vous prévenir de mon arrivée a paris quoique vous me taxiés

  1. Passage publié par M. Maury.
  2. Voir au sujet de Thompson ce que nous avons dit page 568.
  3. Cette lettre a le no 41 dans la collection Gélis-Didot.