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des hommes, de ne point avoir dédaigné de répondre à ma lettre et de m’encourager avec tant de bonté à continuer. Il est impossible de vous peindre le plaisir que ma causée la vôtre dans les tems ou nous sommes, j’ai déjà bien versée des larmes de tristesse, et vous, m’en faitte répandre de joie], ce sera désormais une de mes grande consolation en lisant votre lettre je me trouverai moins à plaindre et au contraire fort heureuse...

« je suis pourtant ici beaucoup plus tranquille qu’à Paris la campagne est bien faitte pour inspirer le calme, la seulle chose qui me fâche est de n’y point voir maman car je suis persuadée qu’elle est toujours aussi prompte à s’affligée je desirois aussi y poseder une autre personne également chère a mon cœure ; mais j’attendrai du tems cette aimable société...

« je n’ai point d’autre livre présentement qu’un abrégé de l’histoire moderne par l’abbé de Condillac ; je n’ai pu encore en lire beaucoup ayant eu plus de monde que je n’aurois désiré, mais le peu que j’ai lue m’intéresse en voyant de tout tems des révolutions les unes fortes les autres moindres je prends du courage pour attendre la fin de la nôtre : ...

« ne pensé vous donc plus à votre petite isle en me chargent de vous chercher une chaumière puisque vous ête décidé à y mettre le prix ; j’espère bien que nous aurons le bonheure de vous y voir, pour moi c’est l’endroit que je vous souhaite le plus étant fort agréable et le plus voisin de chez nous...

« vous voyez que je ne tarde pas à profitter de la permission que vous me donné, et que, je ne suis pas non plus très laconique d’ailleur c’est une chose qui me parroit impossible en vous écrivant, (je dis toujours moins que je ne voudrai dire et ma plume est bien mauvaise interprette de mes sentimens ;] adieu mon ami puisque vous voulez l’expression de mon cœur, voila le nom qu’il vous avoit choisi et en vous le donnant il en connoissoit je vous jure tout le prix ; vous finisse par m’embrasser moi je voudrois le faire.

« Félicité. »

le 24 aoust l’792.


Nous devrions, à cette place, citer trois lettres de Bernardin, écrites pendant le mois d’août 1792 ; mais Aimé Martin les a publiées intégralement, ou à peu près, car, dans la première, il a supprimé cette phrase : « Vous serez mon amie le