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réorganisation. Nous voulons seulement en déterminer les bases. La conclusion s’imposera d’elle-même, et il ne sera pas nécessaire d’insister pour mettre en évidence, — non pas, d’une façon étroite, lesquels ont raison de ceux qui veulent maintenir le service de trois ans, de ceux qui préconisent le service de deux ans, ou de ceux qui réclament le service de dix-huit ou de douze mois seulement ; — mais combien il est dangereux d’adopter, loin des idées générales, un point de départ aussi restreint qu’un projet de loi de recrutement présenté indépendamment de la loi d’organisation générale de l’armée, et sans la loi des cadres correspondans, pour obtenir seulement l’effet politique de la réduction du temps de service.

Plus tard, et alors plus librement, nous pourrons exposer une théorie qui nous soit personnelle. En tout cas, aucune option n’est plausible, tant que les données générales du problème n’auront été ni posées, ni étudiées. C’est ce que nous voudrions démontrer.


I

L’analyse de nos moyens, de nos ressources en argent et en hommes, est donc la première des questions que nous devions examiner en pareille matière.

Il faut entendre par là, nous l’avons vu, les ressources financières ou humaines dont s’emparera l’organisation du temps de paix pour les égaler aux nécessités de la victoire en temps de guerre. De ces deux sortes de ressources, hommes et argent, l’analyse est faite annuellement, et l’examen auquel cette double opération donne lieu suffit à démontrer combien ces ressources, comparées aux ressources des pays étrangers, sont mesurées en ce qui concerne les finances, précaires en ce qui regarde les hommes. Les ressources financières ? Aussitôt après avoir constaté que leur état de gêne peut être atténué par des économies, nous constaterons malheureusement que la faiblesse de notre natalité a, même sur nos finances, une répercussion désastreuse. Les ressources humaines ? Nous verrons qu’elles sont gravement atteintes et que la décroissance de la natalité décharné nos effectifs.

Examinons successivement ces deux ordres de faits.

Le crédit que la France met actuellement à la disposition de son armée nationale est loin d’être inépuisable, et le budget de