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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 avril.


L’accueil qui a été fait à Rome et à Naples à M. le Président de la République a produit en France une heureuse impression : il ne reste plus rien désormais des nuages qui s’étaient élevés entre la France et l’Italie. Au fond, les deux pays n’ont sur aucun point du monde des intérêts nécessairement en conflit, et la preuve en est qu’aussitôt qu’ils ont sincèrement voulu les concilier ils y sont parvenus sans beaucoup de peine. Il faut rendre justice à la diplomatie des deux gouvernemens : c’est à elle que nous devons les résultats déjà obtenus. Nous en sommes reconnaissans à M. Delcassé et à M. Barrère, pour ne citer que les nôtres ; mais nous savons aussi quels ont été, de l’autre côté des Alpes, les bons ouvriers du rapprochement. Enfin le roi Victor-Emmanuel et M. Loubet ont le droit de se dire l’un à l’autre qu’ils ont eu une part prépondérante dans le succès d’une politique qu’ils ont voulue, préparée, et finalement consacrée.

Il y a chez nous unanimité de sentimens à cet égard. On nous permettra d’insister sur ce point, parce que les maladroites polémiques de quelques-uns de nos journaux pourraient faire naître dans les esprits quelque doute à ce sujet. Tout le monde en France se réjouit de voir l’amitié de la France et de l’Italie renouée ; mais il faut bien avouer que tout le monde ne le fait pas pour les mêmes motifs. La grande majorité des Français ne voit qu’une chose dans le rapprochement, à savoir le rapprochement lui-même ; mais d’autres se préoccupent seulement des intérêts particuliers de leur parti, et on pourrait croire, à les entendre ou à les lire, que le reste leur soit indifférent. Il faut qu’on le sache de l’autre côté des Alpes, la France entière est en ce