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LE
RETOUR DE VARENNES
JUIN 1791

II[1]
LE RETOUR

Jusqu’à Boureuilles, qui est à une demi-lieue de Varennes, on courut presque, tant on se sentait talonné par les soldats de Bouillé ; on voyait, de l’autre côté de l’Aire, fourmiller, sur le coteau de Cheppy, les casques brillans des dragons.

D’un bout à l’autre du cortège qui entraînait la voiture royale, s’éleva tout à coup un cri de terreur. Les voilà ! Quelques cavaliers dévalaient en effet, vers la rivière, un officier en tête[2], et en tentaient le passage : on les aperçut s’efforçant inutilement de mettre à l’eau leurs chevaux, cherchant un gué, évoluant dans les moissons. Si l’idée leur venait de gagner, à cinquante toises de là, le village de Boureuilles, où la route passe sur la rive droite de la rivière, aucun obstacle ne les séparerait plus des patriotes, et c’était la rencontre tant redoutée. Il y eut une demi-heure d’angoisse affolée ; on vit les cavaliers se rallier, observer longtemps, de loin, la marche des paysans et se replier enfin vers

  1. Voyez la Revue du 15 avril.
  2. C’était le fils de Bouillé. Deuxième procès-verbal de Varennes.