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avoit charmé en elle dans tout le cours de sa vie. Nous ne la verrons plus, mais nous l’aimerons, nous la regretterons toujours, et, au lieu de fleurs, nous répandrons des larmes sur un si cher et si précieux tombeau. »

A cet éloge un peu ampoulé et qui sent son XVIIIe siècle, nous préférons cette lettre touchante et simple que son fils adressait à un de ses amis, l’abbé Conty : « Connaissant vos sentimens comme je les connais, mon cher abbé, je n’ai point été étonné de la lettre touchée et touchante que vous m’avez écrite sur le plus grand malheur de ma vie. J’ai éprouvé en la lisant une douleur aussi déraisonnable en un sens que celle du premier moment, et je vous assure que, dans celui où je vous écris, je suis pénétré et accablé de mon malheur. Plus je vais et plus je sens la perte que j’ai faite. Le détail journalier de cette privation est un état affreux, et je me livre au triste plaisir de m’affliger avec vous. Je ne sais plus vivre... A tout ce que le commerce le plus aimable peut avoir de séduisant, à toute la volupté et la paresse qu’il entraînoit à sa suite, succède une solitude affreuse. Paris est un désert pour moi. » Mme de Caylus méritait ces regrets, et l’on comprendra que, dans cette étude sur deux femmes dont il a été tant parlé, nous nous soyons efforcé, après avoir fait revivre en l’une la recluse de Saint-Cyr, de peindre surtout dans l’autre la petite nièce et la tendre mère.


HAUSSONVILLE.