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caractère du sultan régnant avait particulièrement affaibli ; pourtant, grâce au prestige et à la force de ses traditions, il a pu subsister, il subsiste, et il est bien probable qu’il sera de force à subsister longtemps encore. C’est en se cramponnant à son makhzen que Moulay-abd-el-Aziz a réussi à se maintenir contre la réprobation de tout son peuple. Il est hors de doute que le makhzen est faible dans ses manifestations d’autorité, battu en brèche de toutes parts par l’anarchie marocaine ; mais, s’il est limité dans son action, il est assuré dans son existence par la considération involontaire dont l’entourent les tribus et par le sentiment inconscient qu’elles ont de son utilité. Toutes proportions gardées, le makhzen peut être compté au nombre de ces vénérables institutions comme on en citerait quelques-unes en Europe, qui, (fortes de leur passé et de leur politique, se sentent nécessaires et irremplaçables, supportent les secousses les plus dangereuses avec sérénité, et résistent aisément aux plus terribles chocs. L’expérience actuelle est bien faite pour démontrer une fois de plus la solidité de l’édifice makhzénien, et, jusqu’à nouvel ordre, il est impossible de concevoir sans lui le gouvernement du Maroc.