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donc Lavergne en relation avec les hommes de lettres et les artistes. Et quels noms brillaient alors dans le monde des lettres et des arts : Lamartine, Victor Hugo, Musset, Vigny, Alexandre Dumas père, Balzac, Mérimée, George Sand ; et, parmi les peintres et les sculpteurs : Ingres, Delacroix, Horace Vernet, Paul Delaroche, Decamps, Pradier, Rude, Duret, et tant d’autres ! Par son goût éclairé, par la finesse de son esprit et l’affabilité de ses manières, Lavergne était fort apprécié de cette élite intellectuelle. Quelques exemples puisés dans sa correspondance en peuvent témoigner.

C’est Michelet qui brigue auprès de lui la direction des archives, ou qui lui révèle les idées qui ont inspiré ses travaux.


(Sans date.)

Monsieur et ami,

J’entends dire que l’on veut confier la direction des archives à un savant qui soit en même temps un homme politique, comme l’était M. Daunou.

Si l’on eût voulu choisir parmi les gens de lettres, parmi les membres de l’Institut, je me serais présenté et j’aurais fait valoir mes titres :

1° Mes ouvrages, en tout quinze volumes, qui ont été traduits ou contrefaits dans toute l’Europe.

2° Vingt-cinq ans de service dans l’enseignement, où j’occupe la chaire de M. Daunou.

3° Dix ans de service aux archives et le suffrage unanime des employés de cette administration, qui, le jour même de la mort de M. Daunou, m’engagèrent, par l’organe du plus âgé d’entre eux, à me mettre sur les rangs.

J’aurais exposé ces titres au ministre, qui m’eût accueilli, je crois, avec quelque bienveillance. Mais dès qu’il est posé en principe que la place doit être donnée à un homme politique, je ne dois point me présenter.

Adieu, Monsieur et ami, recevez mes salutations les plus affectueuses,

MICHELET.


(Sans date.)

Monsieur et ami,

Je suppose que vous avez reçu mon cinquième volume : Charles VII, la Pucelle, la Renaissance, etc., etc.