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Colbert pour un prix dérisoire. Avec le Louvre, l’Albertina, le British Muséum, le Musée de Berlin, le Musée Teyler, la collection de Windsor, le cabinet de Stockholm, formé surtout de la collection de Crozat, etc., méritent d’être cités pour le nombre et le mérite des œuvres qu’ils possèdent. A côté de ces grandes collections publiques, celle de M. J. -P. Heseltine à Londres et celle dont M. Léon Bonnat a fait don de son vivant à Bayonne, sa ville natale, doivent également être mentionnées.

En même temps que le siècle dernier voyait naître et se multiplier les musées, et que ces musées devenaient de plus en plus accessibles, la facilité croissante des voyages leur amenait de plus nombreux visiteurs. La photographie mettait aussi à la disposition de la critique des reproductions de plus en plus fidèles des œuvres qu’elle se proposait d’étudier, et substituait, à des gravures souvent très défectueuses, et à des souvenirs toujours prompts à s’effacer, les documens exacts et sûrs dont elle devait tirer un singulier profit. Les progrès de la critique étaient encore stimulés par des expositions périodiques, organisées en divers pays, mais surtout en Angleterre. C’est grâce au patronage officiel de la Royal Academy que, chez nos voisins, ces sortes d’expositions ont pris le caractère de régularité qui leur manque sur le continent, et qui a permis de placer successivement sous les yeux du public presque toutes les œuvres des maîtres anciens, disséminées dans les nombreuses collections du Royaume-Uni, et parfois très difficilement visibles.

A côté de ces expositions qui comprennent indistinctement des tableaux d’artistes de tous les temps et de tous les pays, d’autres plus spécialement consacrées aux productions d’une seule école ou d’un seul maître offrent une utilité plus grande encore. Une des premières, croyons-nous, avait eu pour objet la confrontation de la Madone de la galerie de Dresde et de la Madone de Darmstadt, prônées toutes deux comme étant d’Holbein, par leurs admirateurs respectifs. On aurait pu longuement disserter à ce sujet ; mais la juxtaposition des deux peintures et les comparaisons directes qu’elle permit à des juges compétens de faire entre elles donnèrent à leur consultation et à leurs conclusions en faveur du tableau de Darmstadt un caractère de précision et d’autorité auquel, sans ce rapprochement, elles n’auraient jamais abouti. Depuis lors, ce système d’expositions partielles s’est répandu. Elles se sont multipliées en ces dernières années et