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arrivait, soit gouvernementale, soit ministérielle, vous seriez enveloppé dans la ruine de la puissance à laquelle vous vous seriez attaché.

Avec votre jeunesse, votre courage et votre talent, vous pouvez, je le sais, braver tout, mais j’ai dû vous avertir du danger afin que vous ne me reprochiez pas quelque jour de vous avoir laissé ignorer les accidens du parti que vous semblez déterminé à prendre.

Maintenant que j’ai satisfait aux devoirs de la conscience, j’attends un dernier mot de vous pour apprendre à Bertin votre résolution. Si vous acceptez, Monsieur, vous ne pouvez douter du plaisir que nous aurons à vous lire, à vous voir arriver dans une petite société qui vous honore et qui vous aime.

Sur ce, je prie Dieu qu’il vous ait dans sa sainte et digne garde, et je vous embrasse cordialement.

CHATEAUBRIAND.


Paris, 13 septembre 1838.

Voici, Monsieur, votre affaire terminée. Demandez à M. Bertin les livres nouveaux dont vous voulez rendre compte ; s’ils ne sont pas déjà donnés à d’autres rédacteurs ; on vous les fera passer. Si vous avez par vous-même quelque ouvrage important dont vous désiriez parler, faites des articles sur cet ouvrage, vous les ferez tenir au journal et le prix de chaque article vous sera payé cent francs depuis un jusqu’à trois articles par mois, à partir du 1er novembre. Au surplus quand vous serez parmi nous, vous verrez M. Bertin et vous mettrez toutes vos affaires en ordre. Nous espérons bien vous voir cet automne avec Madame votre mère. Nous causerons de Toulouse, de tous les souvenirs qu’il rappelle et de l’admirable voix de Mlle Honorine.

Regardez-moi ici comme votre homme d’affaires et adressez-vous à moi pour tous les renseignemens dont vous pourriez avoir besoin. Mes respectueux hommages à Mme de Lavergne et à vous, Monsieur, toutes mes sincères amitiés.

CHATEAUBRIAND.

Mme Récamier et M. Ballanche se réjouissent dans l’espoir de vous voir bientôt et me chargent de vous dire mille choses.


Paris, 20 octobre 1838.

Mon déménagement, Monsieur, et quelque retour de la goutte m’ont empêché d’avoir l’honneur de vous répondre plus tôt. Je ne veux vous écrire aujourd’hui qu’un mot par la main d’Hyacinthe : Revenez-nous vite ; toute notre petite société vous attend. Quant à Mlle Honorine, j’en suis amoureux fou, tout comme vous. Je vous dirais : épousez-la, si jamais je pouvais donner un conseil sur les mariages.