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hommages à Mlle Gasc, et, si vous voyez Mme de Castelbajac, ayez la bonté de me rappeler à son souvenir.

Mes confrères de l’Académie des Jeux Floraux et monsieur le maire de Toulouse voudront bien agréer les remerciemens sincères que je vous prie de leur offrir. Aurai-je bientôt un petit mot de vous, Monsieur ?


Paris, 22 août 1838. Rue du Bac, 112.

L’affaire est arrangée, Monsieur, si elle vous plaît. A partir du 1er novembre, vous pourriez faire trois articles par mois, qui vous seront payés à raison de cent francs l’article. Vous êtes arrivé du premier coup presque au taux le plus élevé. Je désire bien vivement que ce petit accroissement de votre fortune puisse du moins vous amener l’hiver à Paris, avec Madame votre mère.

Nous ne cessons de parler de vous dans notre petite société. L’espoir de vous voir au milieu de nous est le sujet de toutes nos conversations. Je parle aussi des merveilles de Mlle Honorine. Enfin, nous habitons Toulouse en attendant que vous veniez habiter à Paris. J’attends une réponse de vous. Je ne vous renouvelle plus mes remerciemens, et je vous prie de croire à ma sincère amitié.

Mes respectueux hommages à Madame votre mère,

CHATEAUBRIAND.


Paris, 31 août 1838.

Votre lettre, Monsieur, m’a fait un extrême plaisir ; l’idée de vous voir au milieu de nous m’enchante ; vous ne seriez point tenu à donner trois articles ; chaque article a des appointemens à part. On peut en fournir trois par mois, mais on ne peut pas dépasser ce nombre.

Maintenant, Monsieur, je dois vous faire part de mes scrupules. Il y a trente-six ans que je connais M. Bertin l’aîné ; je lui suis attaché par tous les souvenirs de mes bons et de mes mauvais jours ; une vieille amitié ne se rompt jamais et se fortifie avec le temps. Mais, sons les rapports politiques, vous savez bien que je ne marche plus avec les Débats. Je ne reconnais point le gouvernement qui existe ; je ne lui ai prêté aucun serment, je ne lui en prêterai jamais. Souvent les articles politiques du journal me sont très pénibles ; dans tout le reste, je le trouve excellent.


Maintenant, Monsieur, pesez bien les avantages et les désavantages d’une collaboration. Les avantages sont de vous faire connaître, de vous acquérir un nom et une importance qui peut vous mener à tout ; les désavantages sont d’accepter les inimitiés littéraires et politiques auxquelles sont en butte les Débats, et, si quelque catastrophe