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mois ou deux chez Mme de Boignes ; j’irai demain là voir et je porterai votre article à tous vos amis de l’Abbaye.

Mille complimens les plus empressés.

CHATEAUBRIAND.


Paris, 26 juin 1838.

Votre lettre, Monsieur, a croisé celle que j’avais l’honneur de vous écrire pour vous remercier de votre second article. Si tous mes projets se réalisent, comme je l’espère, je vous embrasserai à Toulouse du 15 au 20 du mois prochain. Vous sentez, Monsieur, combien je serai heureux de me remettre entre vos mains et d’avoir un pareil guide. Accablé d’affaires pour la vente de mon ermitage, mon déménagement et mon départ de Paris, toujours mon rhumatisme au bras droit, j’ai à peine le temps de dicter quelques mots à Hyacinthe ; heureux que je suis de vous renouveler mes remerciemens pour vos admirables articles et vous prier de croire à mon entier dévouement et à mon amitié.

CHATEAUBRIAND.

Le voyage de Toulouse eut lieu à la date et dans les conditions que Chateaubriand avait indiquées.

Les lettres suivantes font connaître les impressions qu’en avait rapportées le grand écrivain.


Montpellier, dimanche 22 juillet 1838, midi.

Je suis homme de parole, Monsieur, je vous ai promis de vous écrite et je vous écris, quoique j’aie tout le mouvement de la voiture dans la main. J’emporte, je vous assure, de bien vifs regrets, et, sans l’espoir de vous voir dans la rue du Bac avec Madame votre mère, je ne me consolerais pas d’avoir quitté votre admirable Toulouse. Je déjeune ici et je vais coucher à Lunel, pour de là aller à Aigues-Mortes et revenir coucher à Nîmes. Ne m’écrirez-vous pas un mot à Marseille, pour me dire que vous avez reçu ce billet et que vous vous souvenez un peu de moi ?

Offrez, je vous prie, mes respects à Madame votre mère ; rappelez-moi au souvenir de Mme et de M. de Castelbajac.

Voici le couplet pour votre Philomèle des Pyrénées, l’admirable Honorine. Il est fils de la nuit, de la poussière et du vent. On le voit bien ; s’il avait trente ans de moins, il serait mieux. Ce n’est pas la faute de l’inspiration, si elle n’a pu percer l’épaisseur des années.

Mlle G… peut se vanter d’avoir vaincu l’horreur que j’ai pour les albums. J’ai moins peur avec la charmante sœur qui a bien voulu