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L’AMÉRIQUE FRANÇAISE

ET LE

CENTENAIRE DE LA LOUISIANE




Volontiers en avance sur leur temps, les Américains se résigneraient-ils à se trouver en retard toutes les fois qu’ils entreprennent de commémorer par une exposition universelle quelque épisode important de leur histoire ? C’est ainsi que la World’s Fair de Chicago, bien qu’elle fût organisée en souvenir de la découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb, événement dont le quatrième centenaire tombait en 1892, n’a pourtant eu lieu qu’en 1893. De même, 1904 verra célébrer avec une année de retard le centenaire de la cession de la Louisiane, laquelle s’opéra en 1803. Il est vrai que trois jours de fêtes ont déjà été donnés à cette occasion à la Nouvelle-Orléans, fêtes qui comprenaient (la remarque est intéressante à faire en passant) une représentation de gala à l’Opéra-Français et une grand’messe pontificale à la cathédrale… Mais la célébration solennelle de cet anniversaire doit coïncider avec l’exposition universelle qui s’ouvrira prochainement à Saint-Louis.

Pourquoi Saint-Louis ? Le choix de cette ville était de nature à surprendre tous ceux dont une simple similitude euphonique de noms ne saurait contenter l’instinct géographique. Car enfin, Saint-Louis n’est pas en Louisiane, ou du moins nous n’avons jamais considéré qu’il y fût. Mais cette question n’a point embarrassé nos compatriotes, tant leur indifférence est constante à l’égard de ce grand passé colonial dont les autres peuples se