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REVUE SCIENTIFIQUE

LES TRAVAUX RÉCENS SUR LA DIGESTION DE L’ALBUMINE

Il y a un peu plus de trois ans, on exposait ici même les acquisitions nouvelles que venait de faire la physiologie des fonctions de l’estomac[1]. Et voici que, derechef, il faut signaler des progrès accomplis, sinon dans le même domaine, du moins dans un autre qui le touche de fort près, celui des fonctions de l’intestin et de la glande abdominale, qui est l’agent principal des transformations alimentaires, c’est-à-dire du pancréas. Les notions récemment acquises à ce sujet méritent l’attention d’un public un peu plus étendu que celui des spécialistes. Sans doute, elles s’imposent en elles-mêmes et pour elles-mêmes aux naturalistes, aux biologistes, et aux médecins ; mais elles sont capables d’intéresser, en outre, toutes les personnes qui ne sont pas étrangères aux problèmes généraux de la chimie. On peut, en effet, saluer ici, dans la chimie des êtres vivans, l’entrée en scène d’une nouvelle catégorie d’agens, les kinases, qu’on a appelées des fermens de fermens. Si les fermens solubles ou diastases sont les ouvriers de toutes les besognes chimiques qui s’accomplissent dans les organismes vivans, on pourrait dire que les kinases en sont les contremaîtres. En tout cas, les savans qui les ont fait connaître ont pensé que ces corps nouveaux agissaient sur les diastases comme les diastases elles-mêmes agissent sur les composés chimiques banals. — Les lecteurs, enfin, qui sont de la classe distinguée des philosophans,

  1. Voyez la Revue du 1er novembre 1900.