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jeunes de langue, » qui jouissait des faveurs de la Cour et du ministre, et furent l’objet de la sollicitude des Pères Jésuites, depuis 1700 jusqu’à 1763, époque de l’abolition de leur ordre en France[1].

Cette école a fourni à la France plusieurs drogmans et orientalistes distingués, par exemple J. Claude Galland (le jeune) et Cardonne (le jeune), qui d’élève devint professeur à ce collège (1757). C’est cette institution qui, transformée par la Révolution, a donné naissance à l’Ecole actuelle des langues orientales vivantes.

Les Lazaristes ne restaient pas en arrière des Capucins et des Jésuites : ils fondèrent près de Constantinople le collège de Bebek, où l’on enseignait aux futurs « prêtres de la Mission » les langues orientales. À cette école entrait comme novice, le 25 janvier 1849, un homme de quarante ans, qui devait illustrer la Compagnie. Eugène Bore, né à Angers, ancien disciple et ami de Lamennais, après avoir vu s’évanouir le rêve des fondateurs de l’Avenir, était parti pour l’Orient. Chargé d’une mission archéologique par notre Académie des Inscriptions, il commença par des recherches en Arménie et en Perse, puis à Mossoul, et ses travaux lui valurent d’être élu en 1842 membre correspondant, en remplacement de M. de Saulcy. Mais, au contact des Lazaristes, Bore avait senti naître sa vocation de missionnaire et aurait voulu prendre l’habit. Sur les conseils du Père Leleu, il demeura laïque et contribua à fonder les écoles catholiques françaises à Tauris, à Djoulfa, à Téhéran. Retiré en 1843, dans la maison de Saint-Benoist, ordonné prêtre en 1849, puis nommé supérieur, il dirigea l’enseignement des langues orientales au collège de Bebek (1859-1874) et, comme couronnement de sa double carrière d’orientaliste et de missionnaire, fut élu supérieur général des prêtres de la Mission et des Filles de la charité (1874-1878).

Les langues aryennes, qui sont parlées par la population de race blanche de l’Inde ont fait aussi l’objet des études des missionnaires et les ont amenés à poser les bases de la philologie comparée. Le Père Robert de Nobili (1577-1656), qui a passé quarante années de sa vie à évangéliser les indigènes des royaumes de Madoura et de Maïssour, avait appris le bengali, le malabar, le tamoul et le sanscrit. Il avait composé une vie de la

  1. Le P. Holderman, préfet des jeunes de langue, a composé une grammaire de la langue turque, Constantinople, 1830.