Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 20.djvu/655

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Leconte, Tachard et Visdelou. Les récits de leur voyage marquent une étape décisive dans la connaissance de l’Empire du Milieu. C’est aussi à des missionnaires catholiques français que sont dues les meilleures descriptions du Thibet et des provinces limitrophes au S. -O. de la Chine[1].

Le Cambodge et la Cochinchine, à leur tour, furent étudiés par notre compatriote, Pigneau de Behaine, évêque d’Adran (1748-1799). C’est lui, incontestablement, qui par son courage et sa persévérance a fondé l’influence française en Indo-Chine : aussi est-ce avec raison que le gouvernement de la 3e République lui a élevé une statue à Saïgon[2](1902). C’est encore à un missionnaire français, Mgr Pallegoix, qu’on est redevable de la meilleure relation sur le Thaï ou royaume de Siam[3]. Deux jésuites, les Pères Blank et Pinabelle, ont reconnu les fleuves du Tonkin, pour savoir jusqu’où ils étaient navigables ; le premier a fait la carte des frontières du Tonkin et du Thaï. Quant au Père S. Chevalier, ses beaux travaux hydrographiques, sur le bassin du fleuve Bleu, et les premières feuilles de sa carte au 1/25 000e de la province de Kiang-nan lui ont valu la médaille d’or de la Société de géographie de Paris (1898).

Mais le chef-d’œuvre des missionnaires catholiques français, en Extrême-Orient, est l’observatoire de Zi-ka-wei, fondé par les Pères jésuites Lelec et Colombel. Cet établissement a deux services, l’une pour l’astronomie, l’autre pour la météorologie. Le Père S. Chevalier et le Père Froc soutiennent dignement les traditions de leur illustre prédécesseur, Mathieu Ricci, qui avait été promu au rang d’astronome en chef du « Fils du Ciel. » La coupole pour les observations sidérales a été installée sur la colline de Zo-sé, par le Père de Beaurepaire, ancien élève de l’École polytechnique, elle est pourvue d’une lunette équatoriale, achetée aux frais des deux municipalités française et anglo-américaine de Chang-hai. Quant à l’observatoire météorologique, dirigé par le Père Dechevrens, il est aussi pourvu des appareils scientifiques les plus perfectionnés et du météorographe du Père Secchi. Relié par le télégraphe à Chang-haï et à quarante-deux stations météorologiques, l’observatoire de Zi-ka-wei reçoit deux fois par jour des indications barométriques et autres, qui lui permettent

  1. P. Desgodins, la Mission du Thibet de 1855 à 1870, Paris, 1872.
  2. Les Missions catholiques, in-4o, 1902, p. 183.
  3. Pallegoix, le Royaume de Siam, Paris, 1854, 2 vol.